Téléramadan, la revue du « grand remplacement »

« Nous sommes le Grand Remplacement », c’est par cette phrase – volontairement provocatrice – que débute le manifeste de la revue annuelle Téléramadan, lancée par Mouloud Achour, Badroudine Said Abdallah et Mehdi Meklat.

A la lecture de l’édito, on ressent une rage. La rage d’un combat qui n’existe que pour panser une blessure profonde. Cette blessure n’est pas seulement communautaire, confessionnelle, sociale. Non, cette blessure est générationnelle. Cette blessure naît de l’ignorance des « autres ».  Quels qu’ils soient.  Téléramadan est né de ces frustrations. De ces    « analyses » qui n’apportaient aucune réflexion à longueur de journaux. De ces chaînes de télé qui comblaient le vide par l’hostilité. De ces mots qu’on lançait comme des bombes pour faire sursauter les âmes.

Pour diffuser un message alternatif, l’équipe de la revue a choisi le mois sacré du Ramadan. Ce n’est pas un hasard. Tout comme le mois de Ramadan est celui de la spiritualité, de l’introspection, du temps long, Téléramadan se veut la revue de la tolérance, de la poésie et de l’analyse.

Tous les jours, nous devions entendre « islam » à la télévision. Nous devions accepter « les débats » qui n’allaient nulle part ailleurs. Nous devions comprendre que « l’islamophobie » n’existait pas et que certains hommes politiques voulaient radier les musulmans de l’espace public. D’ailleurs, nous devions éviter de dire « musulman » pour ne pas effrayer les effarouchés.

Sur 112 pages, vendues 10 euros, Téléramadan rapporte des témoignages d’un Islam qu’on ne voit presque pas. De la mosquée écolo au voile, en passant par les relations sexuelles pendant le ramadan et les recettes de cuisine de la célèbre Choumicha, il y en a pour tous les goûts. L’âge moyen des contributeurs, journalistes, dramaturges ou comédiens avoisine les 22 ans. Le ton est donné : de la fraîcheur et des plumes libres et féroces.

 Téléramadan n’est pas une démarche militante. C’est une démarche politique qui passe par la littérature, le regard et la poésie.

Choumicha, Faiza Guene, Jonas Hassan Khemiri, Maiween Le Besco, Medine, Nilufer Gole, Oulaya Amamra, Raymond Depardon. Ces noms, qui font la couverture de Téléramadan, illustrent à eux seuls la démarche sous-jacente : construire un discours alternatif de l’Islam en donnant la parole aux jeunes qui l’incarnent.