On avait laissé Panahi enfermé dans des intérieurs, qu’ils soient ceux d’un appartement de Téhéran occupé par un iguane avec Ceci n’est pas un film (2011), ou celui d’une vaste maison grillagée au bord de la mer Caspienne avec Closed Curtain (2013). On le retrouve aujourd’hui dans l’ambiance feutrée d’un taxi jaune de la capitale iranienne, une forme qu’avait déjà adopté son confrère Abbas Kiarostami en 2002 avec son film Ten. Décidement, Jafar Panahi aime les intérieurs. Ou s’en accommode. C’est selon.
Fiction-documentaire ? Documentaire-fiction ? Panahi se joue de nous. Et aime visiblement ça. Nous avec. On ne révélera pas ici l’intrigue du film, ce n’est pas le lieu, et loin de moi l’idée de vouloir spoiler (je ne veux pas risquer de me faire fouetter par de potentiels lecteurs), mais il faut bien dire que les « acteurs » choisis pour ce film d’un genre bien particulier sont tous plus moins des proches du réalisateur iranien. Il en va ainsi de Nasrin Sotoudeh, avocate et militante des droits de l’Homme, ou encore de la propre nièce de Jafar Panahi, douée d’un bagout qui en impose dès son entrée dans l’intrigue du film.
Qu’on soit en Occident ou au fin fond du Moyen-Orient, on vous dira toujours que le taxi est le meilleur endroit pour causer politique. Et ça, Panahi l’a visiblement bien compris. Qu’il est à faire à deux mamies transportant un poisson rouge, à un vendeur de films occidentaux à la sauvette ou à sa petite nièce, tout est prétexte à une digression politique. Ainsi, Panahi dit au régime : vous voyez, les portières du taxi sont bien fermées, nos ceintures sont attachées. Mais ça ne m’empêche pas de vous foutre un bon gros doigt d’honneur.
Taxi Téhéran, Jafar Panahi, toujours en salle en France