Tabadoul : Espace d’échange responsable

C’est un combat au quotidien que des acteurs de la société civile mènent pour sevrer une jeunesse, dans une situation de malaise, à l’art et à la culture. Tabadoul en est un excellent exemple.

Un seul mot d’ordre : l’échange

L’association porte bien son nom. Tabadoul désigne l’ « échange », en langue arabe, à l’image des interactions interculturelles et multidisciplinaires qu’elle permet.

Silvia Coaerelli, gestionnaire des lieux, revient sur l’histoire de ce premier espace culturel indépendant de Tanger.

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Quand elle s’installe à Tanger en 2010, Silvia réussit, grâce à son expérience en production de musiques du monde, à participer à l’organisation de plusieurs événements et festivals de la ville.

Elle remarque alors rapidement que le pays regorge de talents, mais que le véritable manque était plutôt relatif aux infrastructures et à la formation des jeunes.

En avril 2013, Silvia repère une ancienne usine espagnole de production de pansements. Ce bâtiment abandonné de 400m2 a la parfaite disposition pour accueillir un espace multidisciplinaire ouvert sur son environnement. Les travaux commencèrent. Aujourd’hui, Tabadoul dispose d’une grande salle, qui a permis la construction d’une scène accueillant 150 places debout et 100 assises ;  d’un espace cuisine pour des cours d’art culinaire ; une petite salle pour des cours de musique et de langues ; et des bureaux.

L’architecture du lieu a ainsi guidé et facilité la création d’une plateforme de dialogue interculturel.

Le public répond présent dès l’ouverture en décembre de la même année et conforte Silvia dans son choix. Depuis, les projets ne cesseront de croître.

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Au service de la création contemporaine

Dès sa création, l’association Tabadoul se fixe comme objectif d’accompagner les artistes à la professionnalisation.

Les artistes marocains sont fortement demandeurs de sessions de formation. Le public est curieux de découvrir et écouter des groupes différents, mais l’absence de structuration du secteur rend la tâche difficile. Tabadoul intervient pour aider les artistes prometteurs à dépasser leur condition socio-économique et s’adonner à la création.

Tabadoul crée des ateliers pour la transmission et reçoit des compagnies étrangères. Des résidences artistiques sont parfois réalisées pour favoriser l’échange d’expérience.

Grâce aux ressources modestes qui découlent de la cuisine, Silvia réussit à payer le déplacement des artistes. Elle monte aussi des ateliers interdisciplinaires pour enfants et adultes.

Le public est ainsi diversifié et Tabadoul intensifie les actions pour prêcher auprès des récalcitrants.

 

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Tabadoul © Mehdi Drissi / Onorientour

Une action civique avant tout

En multipliant les collaborations et les actions à l’extérieur, Tabadoul renforce son ancrage territorial.

Le Festival Urbanart’ a ainsi permis la constitution du collectif Darja Darja. En se liant à des structures voisines (un bureau d’architecture à proximité et l’espace Border), Tabadoul a contribué à la réconciliation des habitants du quartier avec ces nouveaux centres artistiques qu’ils méconnaissaient.

La première action invitait les enfants à peindre les escaliers reliant le nouveau port au centre ville. Cette allée, assimilée à une vie nocturne hostile, s’est métamorphosée en oeuvre collective.

Tabadoul continue son engagement auprès des scolaires et souhaite réaliser un projet de jardin éphémère. Le but étant de sensibiliser les jeunes au recyclage et à la protection de l’environnement.

« Avec Tabadoul, nous souhaitons redonner la dignité aux artistes et aux marginaux » , nous explique Silvia. Son action s’étend pour inclure l’accompagnement des artistes en situation irrégulière, notamment dans leur démarches administratives.

Les efforts sont titanesques pour mener à bien des action culturelles. Tabadoul s’y emploie pour défendre ce véhicule important pour l’équilibre mental et curatif de la société, avec comme devise : « Donner le pouvoir aux artistes, c’est libérer le monde ».

Pas de commentaires

  • Mrini dit :

    Oui! Silvia Coaerelli a donné et continue à donner dans le beau cadre de la promotion de la culture et, de ce fait, dans la promotion de la paix et de l’amitié (je n’aime pas le mot tolérance).
    Silvia Coaerelli est un être Humain Normal qui ne souffre d’aucun complexe et surtout pas celui de la supériorité. Elle a horreur des piédestaux. Elle est tangéroise dans le sens culturel du terme et ainsi se comporte avec le lambda. Elle fuit l’élitisme et les clans. Tous mes respects pour elle.

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