Souad Massi : « J’écoute du rap, de la techno, de la musique classique, de l’opéra… C’est tellement beau d’être libre ! »

©Luc Jennepin

A l’occasion de la treizième édition du Festival Arabesques, une manifestation consacrée à la diffusion et la rencontre des Arts du Monde Arabe, Souad Massi était invitée à se produire sur la scène de l’amphithéâtre du Domaine d’O à Montpellier. Nous avons rencontré la musicienne, compositrice et chanteuse algérienne désormais mondialement connue, peu avant son concert.

Souad Massi, cela n’est pas la première fois que vous venez vous produire lors du Festival Arabesques, vos impressions en vue du concert de ce soir ?

C’est la troisième fois que je reviens à Arabesques et je suis très contente de faire partie de cette programmation. Le public est très généreux et accueillant. La dernière fois, j’étais venue avec les choeurs de Cordoue, et je me souviens qu’il y avait beaucoup de vent… Mais les gens étaient là, présents et il y avait une grande émotion. C’est, d’ailleurs, l’un des concerts qui m’a le plus marqué ! Voilà, je suis très contente d’être là ce soir, j’ai toujours aimé le sud de la France…

Quel répertoire allez-vous jouer ce soir ?

On change de répertoire à chaque concert. Aujourd’hui, nous sommes trois et nous avons fait des arrangements très acoustiques d’environ quatorze titres. En terme d’instruments, il y aura un percussionniste, et un mandole. Un mandole algérois, qui est différent du mandole turc, italien, ou d’autres encore, à cause de son nombre de cordes…

Vous serez trois sur scène ce soir, pourquoi le choix d’une formation très épurée ?

J’ai, à la base, une formation rock… Beaucoup de salles nous ont demandé de l’acoustique, que cela soit en France ou à l’étranger. Ensuite, nous avons essayé, et cela nous a fait du bien ! C’est très plaisant et très intéressant car c’est un autre exercice. Cela me plait bien de passer d’une formule à une autre ! J’ai déjà joué avec des orchestres classiques et donc quarante musiciens derrière moi. La première fois, je ne sais pas comment dire… J’avais l’impression d’être au milieu de la musique ; c’était la première fois que je me retrouvais avec un vrai orchestre classique derrière moi. C’était très enrichissant ! Toutes les expériences sont intéressantes à prendre.

©Luc Jennepin

Est-ce que cette formation réduite, et le format acoustique, vous permettent de créer un dialogue musical plus intime entre les musiciens ?

Bien sûr ! Il y a une grande complicité, un partage qui se crée. Nous sommes attentifs à l’autre, donc il y a un jeu de questions-réponses. Et puis, on se connait depuis un moment et nous sommes amis dans la vraie vie. Ce qui permet un vrai échange et une certaine compréhension car nous sommes très à l’aise les uns avec les autres…

Est-ce que vous composez ensemble ?

Généralement je compose toute seule. Mais il y aussi quelques titres que je compose avec mon frère Hassan qui est en Algérie. Pour les arrangements, c’est en général là où je sollicite les musiciens.

Dans votre dernier album « El Mutakallimûn », vous reprenez des textes de poètes arabes classiques. Lorsque vous composez, comment cela se passe ? Est-ce vous partez des mots ou des notes ?

Il n’y a pas vraiment de règles… On peut partir d’une idée qui nous plaît, d’un thème dont on va développer le texte. Ou alors on a une mélodie dans la tête, on pense à un thème et on l’intègre naturellement à la musique.  L’idéal, c’est de commencer à composer en ayant déjà le texte, mais c’est très rare, en tout cas pour ma part…

Quelles seront les inspirations de votre prochain album ?

La dernière fois que j’étais là, j’ai partagé la scène avec Césaria Evora. J’ai été très touchée par elle… Elle était très fatiguée, après une tournée monstre de concerts à l’étranger. J’ai composé un titre en pensant à elle, à son esprit…  Donc, il y aura du Cap Vert, du classique, des inspirations folk…. En fait, il y aura toutes les musiques qui m’ont nourrie. J’aime toutes les musiques. J’écoute du rap, de la techno, de la musique classique, de l’opéra… C’est tellement beau d’être libre ! En fait, je ne veux pas m’enfermer dans un style. Que l’on dise : « Elle fait ça ! Du rock, des musiques du monde … ». Je m’en fous ! L’essentiel c’est d’être sincère avec les gens et que lorsqu’ils achètent un album, ils y trouvent quelque chose qui ne les déçoit pas, qu’ils aiment, et qui leur fait du bien…

    Laisser un commentaire