23h- Hotel ST- Alger
Enfin en Algérie, la Rihla commence à prendre son sens pour Hajar et moi qui découvrons pour la première fois ce pays voisin. C’est d’ailleurs une étrange sensation que de se retrouver dans un autre territoire que le sien sans dépaysement apparent. Ici, les faciès nous sont familiers et le parler connu.
Nous nous sommes arrêtés chez la famille de Mehdi à Tlemcen pour rencontrer des artistes membres de la Fondation Mohammed Dib.
Les habitants de cette ville gardent un souvenir frais de son passé majestueux et s’enorgueillissent. Ils conservent dans leur mode de vie, une forme de raffinement plus apparente dans les cérémonies de mariage et se déclarent à travers leurs accoutrements. Ils sont ainsi le pendant des fassis (habitants de la ville de Fez) au Maroc, fières de former un sorte de communauté au sang bleu et à l’habit en fil d’or.
Tout au long des deux nuits que nous avons passées à Tlemcen, nous croisons des chevaux apprêtés pour des mariages roder la ville et des feux d’artifice fusent au-dessus de nos têtes.
Lorsque nous avons souhaité retrouver notre niaque pour reprendre la rédaction, nous avons demandé à la sœur de Mehdi de nous accompagner pour aller diluer notre fatigue dans une tasse d’espresso. Nous nous sommes emportées trop rapidement en imaginant continuer nos conversations futiles et joyeuses autour du karakou et de la chedda à l’extérieur. Car une fois dehors, nous avions beau fait le tour de la ville, nous n’osions franchir aucun des rares espaces ouverts.
La semaine de l’Aïd courait toujours et seule la gent masculine avait le monopole de l’occupation des cafés. Ces messieurs imposaient, de la sorte, une interdiction informelle à la fréquentation féminine des mêmes terrasses. N’ignorant pas cette loi populaire aussi dans plusieurs quartiers marocains, ce qui nous surprenait le plus était plutôt l’absence d’alternative. Sans trop pester, nous nous sommes défendues de perturber ces jeunes hommes dans leur passe-temps favori ou de souiller la réputation des demoiselles de bonne famille qu’on entraînait avec nous.
Mais, dans notre chemin de retour à la case départ, ce qui a frappé notre attention était le nombre de magasins de préparation de trousseaux de mariage. Tout laisse à croire ici que l’économie de la ville subsiste, en partie, grâce aux célébrations de noces. Telle une « industrie », les mariages se produisent ici à foison. Dès les fiançailles fastueuses, la manivelle des revenus tourne à grande empoignée. Salles de fêtes, couturiers, traiteurs, marchands de tissu, photographes… Tous font leur commerce avec des clients de l’Algérie entière.
Derrière la vitre de cette Twingo dont les sièges commençaient à se creuser pour prendre la forme de nos fesses au bout du troisième tour, nous apercevons la splendeur architecturale de quelques centres culturels. Le premier était le conservatoire de musique dédié à l’étude des musiques andalouses, qui rappelle les influences hispano-mauresques de la « Grenade africaine », s’en suivra le Palais de la Culture de la ville merveilleusement éclairé au soir et la bibliothèque Mohamed Dib, butin de la manifestation « Tlemcen 2011, capitale de la culture islamique ».
Puis, ce matin, il fallait à nouveau plier bagage pour honorer notre dernier rendez-vous de la région ouest. Direction Mostaganem où notre brève escale se fera à l’atelier de Yasser Ameur avant de reprendre 3 heures de route pour atteindre Alger.
Une fois à la capitale et malgré l’heure tardive, Mehdi et moi nous sentions d’humeur pour une balade nocturne. A peine avions-nous déposé nos affaires à l’Hotel, avenue Didouche, nous descendons à grandes enjambées ce passage incontournable du centre ville. A cette heure improbable de la nuit, nous croisons par pur hasard deux des street-artistes prévus dans notre programme. Et nous voilà repartis dans un tour de pré-introduction à l’art urbain algérois…
Article sympa, mais j’avoue être restée sur ma faim, car Tlemcen abrite bien plus de choses. Je suis consciente que le temps manque pour tout voir, mais au delà du mariage qui est une institution, les tlemceniens représentent une culture très riche des civilisations qui ont traversé cette ville (Romains, Ottomans, Andalous, Zianides et plus encore) . Je pense aussi par exemple à la musique Hawzi, au palais El machaour qui est somptueux, retravaillé d’ailleurs par des artistes marocains, la plaine de Lella setti, l’art du mejboud (une borderie algérienne au fil d’or), le quartier el kissariat…Bref beaucoup de facettes. Entre les quartiers populaires, les monuments, la périphérie, l’architecture diversifiée, les anciens quartiers français etc, on pourrait raconter beaucoup de choses. Sans parler de sa jeunesse et de l’ensemble des universités qui existent dans cette ville sous le nom de Abu Bakr Bel Kaïd (environ 40 000 étudiants) venus de toute l’Afrique et Moyen Orient.
Je partage votre point du vue sur les cafés réservés uniquement aux hommes. Mais les gens de Tlemcen sont très conservateurs et pudiques, alors les femmes respectent cette limite et les hommes ne feront rien pour leur faire de la place ;). Il faudra trouver une alternative effectivement.
Au plaisir ! Ikram.