Afin d’installer la vision 2030 de l’Arabie Saoudite, le prince Mohammed Ben Salman s’est récemment engagé dans une série de réformes politiques et sociales. Parmi elles, l’inauguration de cinémas, théâtres et festivals d’arts dans l’ensemble du royaume. L’ouverture du Misk Art Institute, projet de la fondation éponyme, vient se positionner comme figure majeure de cette nouvelle orientation culturelle nationale.
Installé à Riyad, il a pour vocation de promouvoir les artistes locaux en dehors des frontières du pays; volonté illustrée à travers une tournée mondiale d’événements programmes culturels, débutée en janvier dernier. Présent à Art Paris la semaine dernière, il était de retour à l’Institut du Monde arabe ce mardi 10 avril, où il a présenté une sélection d’artistes émergents.
Le Misk Art Institute: poumon du nouveau souffle culturel saoudien
Etablie par le prince Mohammed Ben Salman dans l’objectif de développer l’accès des saoudiens à la culture et à l’éducation, la fondation Misk a lancé en 2017 sa propre institution artistique. Dirigée par l’artiste saoudien Ahmed Mater, son but est de soutenir la production artistique locale et de la promouvoir au niveau international. Un incubateur d’artistes qui possède des quartiers généraux à Riyad, une résidence d’artistes dans le sud du pays à Abha, et un bureau international à Londres, afin d’étendre ses événements culturels à l’extérieur de l’Arabie Saoudite.
Un programme varié d’expositions, de conférences, et d’ateliers qui ont débuté lors d’une tournée internationale lancée en janvier 2018 au MOMA de New York. Uneodyssée a déjà conduit la fièvre artistique saoudienne à la Art Fair de Dubaï, au centre Kennedy de Washington, en passant par la salle de vente aux enchères Phillips à NYC, Art Paris, et la Biennale d’architecture de Venise le mois prochain. En octobre 2018, le Misk s’associera également à la ville de New York pour l’inauguration du premier festival de culture arabe: deux semaines de manifestations culturelles dispersées dans plusieurs quartiers de la ville.
Reframe Saudi VR: à la découverte de la scène artistique saoudienne
Cette volonté de mettre en avant la scène artistique saoudienne s’incarne à travers Reframe Saudi VR, un documentaire en réalité virtuelle, projeté à l’occasion dans plusieurs capitales du monde. Véritable invitation au voyage, il transporte le spectateur sur les routes d’Arabie Saoudite, des montagnes du Hedjaz, aux plages de Jeddah, en passant par les maisons typiques de sa vieille ville et ses mosquées. Ce caravansérail créatif permet de découvrir les transformations d’un pays en mutation, à travers le regard intime de ses propres artistes et artisans.
Parmi la jeune écurie d’artistes représentés dans le documentaire et l’exposition : Ahaad Al Amoudi, présentée lors de la dernière Foire Internationale des jeunes artistes contemporains (YIA). Elle marie culture populaire et patrimoine traditionnel en installant dans le désert du Hedjaz des impressions géantes d’une chanteuse populaire émirati, bousculant ainsi les clichés sur les femmes arabes. Amr Alngmah expose des cartes de la Mecque en circuits électriques avec la Kabaa comme résistance, Halah Alfadl représente les femmes saoudiennes à travers une série de photographies conceptuelles inspirées par la reconnaissance d’iris, Sarah Al-Abdali et ses marionnettes tirées du célèbre conte Majnoun et Leila, mais aussi Ahmed Angawi, Eiman Elgibreen, Halah Alfadl, Lulwah AL Hamoud, Rawan Almqbas, Sarah Shaiban et Ayman Zedani.