Musée Nābū – des millénaires de créativités exposées

Nabu museum

Le musée Nābū a ouvert ses portes le 22 septembre dernier dans le village d’el-Herī, au nord du Liban à quinze minutes au sud de Tripoli. Ce musée privé, qui porte le nom du dieu mésopotamien de la sagesse et de l’écriture, est né sous l’initiative de trois hommes d’affaires et collectionneurs : Jawad Adra, Badr el Hage et Fida Jdeed. Leurs objectifs sont de mettre en valeur le patrimoine artistique et culturel du Mashreq en présentant des œuvres de différentes périodes, de l’Antiquité jusqu’à nos jours.

L’exposition inaugurale met en valeur « Des millénaires de créativité »

Les portes du musée Nābū se sont ouvertes au public le 22 septembre dernier. La première exposition de ce nouvel espace est intitulée « Des millénaires de créativité » et a été pensé par le Français Pascal Odille. Ce dernier propose aux visiteurs une promenade à travers la très riche collection d’objets de la période antique qui est ponctuée par quelques œuvres d’art moderne et contemporain sur deux étages. Cette collection rassemble des objets couvrant différentes civilisations du Mashreq, de la Mésopotamie et de la Méditerranée tels que les Sumériens, les Assyriens, les Akkadiens, les Hittites, les Parthes, les Égyptiens, les Phéniciens, les Grecs, les Romains sans oublier la période islamique. Ainsi, cette exposition met en regard une sélection d’artefacts archéologiques avec des œuvres modernes et contemporaines d’artistes originaires de l’Égypte, du Liban, de la Palestine, de Jordanie et d’Irak dans le but d’exposer la richesse des pratiques et des influences de la création artistique régionale.

Une collection « bigarrée »

Cette exposition ne saurait rendre compte de l’entièreté de la collection du musée. En effet, le dossier de presse nous informe qu’elle comprend également des œuvres d’art moderne et contemporaine d’artistes importants de la région : Amine al-Bacha (1932- ), Adam Henein (1929- ), Dia al-Azzawi (1939-), Hélène Khal (1923-2009), Omar Onsi (1901-1969), Mustapha Farroukh (1901-1957), Ismail Fattah (1934-2004), Khalil Gibran (1883-1931), Paul Guiragossian (1926-1993), Ahmad Moualla (1958- ), Shafic Abboud (1926-2004), Rafic Charaf (1932-2003), Mustafa Ali (1956- ) et Shakir Hassan al-Saïd (1925-2004). Le musée possède par ailleurs une exceptionnelle collection d’œuvres du peintre Saliba Douaihy (1915-1994) des années 1930 jusqu’à sa mort en 1994. La collection du musée Nābū comprend aussi une sélection unique de tablettes cunéiformes et de stèles phéniciennes datant de 2330 à 540 avant Jésus-Christ. Ces artefacts sont les témoins des premières grandes épopées écrites, et nous donnent également de nombreuses informations sur les systèmes économiques de l’époque, ou sur les groupes ethniques de la région. Le musée abrite en plus une vaste collection de photographies et de cartes postales couvrant la période du XIXème et du XXème siècle. En parallèle, la bibliothèque possède des livres d’art, d’archéologie, d’histoire et de géographie ainsi qu’une rare collection de manuscrits. Le musée Nābū souhaite tout autant encourager les pratiques artistiques dans la région en soutenant la création contemporaine, qu’en proposant des programmes éducatifs, des visites organisées et des conférences publiques.

Une architecture conceptuelle élégante

Le site du musée Nābū est idéalement situé sur la côte Rās al-Chaq‘ah et le bâtiment se repère de loin par son architecture qui a été pensée par les deux artistes irakiens Mahmoud Obaidi et Dia al-Azzawi. Si le projet initial était de rester fidèle à l’architecture vernaculaire en pierre propre au gouvernorat de Batrūn, les deux artistes lui ont fait prendre la forme d’un pavé droit recouvert d’acier Corten couleur rouille. Dia al-Azzawi a finalement opté pour ce matériau pour les variations de couleur qu’il propose. Plus communément utilisé pour les sculptures en extérieur, l’artiste souhaitait que le musée soit traité comme tel et qu’il dénote avec le paysage. Ford 71, une sculpture en bronze et en acier Corten exécutée par Mahmoud Obaidi, est par ailleurs installée sur le toit de l’édifice. L’emploi d’un tel acier est unique dans la région et il n’aurait pu mieux trouver sa place qu’au bord de la mer car sa couleur varie en fonction de l’humidité et il est également très résistant à la chaleur. La porte principale, le toit et les grandes baies au sein des galeries sont faites en verre et permettent d’ouvrir l’espace afin d’apercevoir la mer de l’autre côté du musée et de se perdre dans l’horizon.

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