C’est par un matin de 1994 que les ennemis du sens ont encore frappé. Ils avaient encore le sang du romancier Mouloud Feraoun sur les pattes. Cheb Hasni fut assassiné. Khaled montait, vers sa place de monarque avec les deux singles qui le menèrent bien au sommet : Bakhta et Aicha. Khaled faisait toujours du raï, il n’avait dès lors que 35 ans et était à son âge d’or.
Hasni une fois mort, ne laissait que des vizirs. Sur qui compter pour soutenir le raï, le vrai ? Tous. Mami et Faudel misaient sur l’international, domaine aux cahiers de charge assez lourd : changement de style, de thèmes et de registre. Un autre soleil de Faudel et le Youm Wara Youm de Mami en témoignent.
Jusque là, la scène allait tant bien que mal et le raï ne souffrait pas tant comme voulait se le représenter les fanatiques du raï à orchestre. Le peu d’acteurs restants évoluaient comme ils pouvaient, avec un grand penchant pour les producteurs étrangers, en préservant quelques bouts d’oranais quelque part dans leurs morceaux. Mami, broyé par son affaire de viol en 2005, s’en allait en eau de boudin après une brillante carrière. Faudel, après avoir singé pendant plus de dix ans tombait dans l’oubli. Seul Khaled survivait, si on ose appeler ça de la survie. Vendu à l’international comme il le souhaitait, il voulait frapper encore une fois avec une collaboration qui a su choquer plus d’un : RedOne. Le treizième album, un ramassis d’immondice qu’on pouvait à peinel’apparenter à du raï, une tentative contre l’art et le bon goût. Cependant, cette tentative ne manquât pas de succès. Pour avoir le plus de gens de son coté, il faut toujours un peu de bêtise et de mauvais goût.
Le raï est mort, et nous l’avons tué. Avec Hasni, il a poussé sa dernière chanson.
Epic title !