Temps au ralenti. Journée plus longue. Mais surtout faim. Nous l’avons ressenti : le ramadan de cette année se conjugue avec saison estivale. Du Maroc jusqu’au Liban, c’est tout un peuple qui jeûne en plein été, et le plus souvent en pleine vacances. Comment alors pouvoir profiter du temps lors d’une journée où notre seule réflexion va à ce que l’on mangera lors de la rupture du jeûne ?
ONORIENT vous propose pour cela de passer à table avant le ftour, en dégustant sans retenue des livres. A la fois lectures estivales et ramadanesques, notre sélection a essayé de couvrir tous les genres. Des créations marocaines, libanaises ou encore tunisiennes.
Le Seigneur vous le rendra – Mahi Binebine
Commençons tout d’abord par un quelque chose de léger. Histoire triste certes, mais marrante en certaines occasions. Le dernier livre de Binebine se lit d’une traite. Avec ses 180 pages (édition Le Fennec), c’est à un voyage dans la ville ocre que l’auteur Marrakchi vous invite. Il vous y fera découvrir d’étranges personnages de notre société, mais aussi et surtout P’tit pain, un bébé qui dès son berceau, n’a jamais eu vraiment de chance. Vous pouvez lire notre chronique au complet ici.
Nouvelles marocaines 2013
Quoi de plus agréable en cet été et ce Ramadan, que de faire la découverte de nouvelles plumes ? C’est bien ce que Casa Express Editions nous propose avec sa nouvelle parution : Nouvelles marocaines 2013. En effet, de 14 à 48 ans, ce sont différents nouveaux auteurs qui à tour de rôle, prennent la plume pour nous conter une histoire, à leur manière et pour la première fois de leur vie. Notre coup de coeur ira à la nouvelle du très jeune Badreddine Soufi qui, à 15 ans, revient sur l’histoire de la guerrière Kahina. ONORIENT a été véritablement surpris par sa maîtrise des mots et espère que ce ne sera pas son dernier texte. A vous aussi de dénicher vos propres coups de cœur.
Les Hérétiques – Jocelyne Laâbi
Un peu d’histoire. Et quelle histoire ! C’est à un véritable voyage dans le passé que Jocelyne Laâbi nous invite. Ecrit à la manière d’un conte, quoi de plus vivant et réaliste pour un récit historique. L’histoire d’ailleurs est celle d’une civilisation dont on n’entend pas souvent parler : les Qarmates. Et c’est au Xème siècle qu’ils apparaissent pour instaurer, une première du genre, un Etat aux principes égalitaires. Une lecture à la fois agréable et ludique de faits impressionnants dont on n’a pas souvent pu entendre parler. Notre article à propos de la parution du livre.
Les cinq gardiens de la parole perdue – ElMehdi ElKourti
Nouvel ovni dans le paysage des lettres marocaines : Les cinq gardiens de la parole perdue, roman fantastique qui se propose de mêler mythologie, histoire, religion et polar. Ceci afin de déboucher sur une histoire particulière, plus ou moins inspirée du très populaire Da Vinci Code, mais qui garde de son originalité. En effet, les faits se déroulent dans un Maroc moderne où un journaliste d’investigation atterrit dans un polar mystique. Au menu, cryptographie, symbolisme occulte et histoire.
Un Autre Maroc – Abdellatif Laâbi
De la politique. Oui, ce n’est pas très évident d’en lire ou d’en parler en plein été, mais pour cette fois-ci c’est un peu particulier. Car c’est du poète Abdellatif Laâbi dont il s’agit. L’ancien Goncourt de la poésie nous invite à la réflexion à propos d’un Autre Maroc, un Maroc meilleur, plus juste et moins corrompu. Sous forme de lettre adressée à ses con-citoyens, l’auteur tente de relever les principales tares entravant le bon développement du pays. Agréable lecture dont on ne peut sortir que convaincu par la nécessite de penser un nouveau Maroc. Notre critique du livre par ici.
Palestine – Hubert Haddad
Et si on s’envolait pour la Palestine ? C’est à peu près ce à quoi nous invite Hubert Haddad. Avec une histoire très intéressante d’un soldat israélien qui par la force des circonstances et du hasard, s’est retrouvé de l’autre côté, en Palestine. Il sera ensuite pris pour un des leurs, adopté par une famille palestinienne. Il découvrira alors, vus d’un autre angle, les ravages de cette guerre. Et la douleur d’un peuple opprimé. Ce qui le poussera à s’engager dans un réseau terroriste pour ensuite mettre une ceinture d’explosifs et partir pour Israël.
Superman est arabe – Joumana Haddad
Pour un finir, pourquoi pas un zeste de sociologie ? Ce livre, celui de Joumana Haddad et qui fait suite à son célébrissime J’ai tué Schéhérazade, dénonce le système patriarcal qui sévit dans le monde arabe. L’auteure dépeint un machisme qui selon elle ne fait que refléter un profond sentiment d’insécurité chez les hommes. Selon toujours la même auteure, les récents grands bouleversements du printemps arabe n’aboutiront que si l’on venait à redéfinir une nouvelle masculinité arabe. A savoir un nouveau mâle qui n’oppresse et qui n’a cure de son hyper-machisme. De là nous pourrions peut-être changer le rapport homme-femme qui existe déjà et que l’auteure critique sévèrement. Quoi de bon pour remettre en questions les idées préétablies des sociétés arabes, et ce, quelques minutes avant le Ftour.
Quels sont les prix si on veut se mettre á table?
Je trouve l’idée succulente