L’année 2016 nous a quitté et 2017 prend la relève pour continuer à nous offrir un dynamisme culturel et artistique toujours plus prégnant. Du Maghreb au Moyen-Orient, en passant par une diaspora hyperactive, l’industrie créative carbure.
Rétrospective sur nos coups de coeur passés et futurs.
Emel Mathlouthi
Portée lors de la révolution du Jasmin en Tunisie, grâce à ces chansons « Dhalem » et « Kelmti Horra », Emel Mathlouthi continue sa route en sillonnant le monde et en se confrontant à diverses influences. Dans un état de fusion permanente, entre rock et électro teintés d’Orient, Emel porte encore un engagement assumé. La chanteuse nous invite à partager sa fougue dans son prochain album dont la sortie est prévue en février 2017. Dans le premier titre rendu public, Ensen Dhaif, sa voix balance entre sensibilités et rébellion.
Tarabband
En arabe, Tarab renvoie à l’état d’extase dans lequel nous plonge la musique. Le mélange surprenant de musique orientale et nordique produit justement cet effet sur nos oreilles. Les compositions originales des six musiciens de Tarabband réussissent l’exploit d’une fusion qui sonne juste et communique instantanément ses sons festifs. Basés à Malmö en Suède, Tarraband nous font cependant voguer de Bagdad au Caire et de Séville à Paris en mélangeant des musiques soufies, du folk, du flamenco et du jazz.
Kabreet
Kabreet est un duo musical allemand-yéménite, réunissant l’artiste Ibi Ibrahim et le journaliste Hanno Stecher. Au coeur d’influences, d’histoires, d’origines diverses, mais aussi en s’appropriant des approches et des styles différents, ils vous emportent dans un voyage arabisant aux confins de la musique pop. Leur premier album, sorti en janvier 2016, ne présente que le début d’une belle relation entre Moyen-Orient et Europe.
Le groupe vient de remporter une bourse du Arab Fund for Arts and Culture leur permettant de financer leur second album. A suivre mais vous pouvez les découvrir ici en attendant.
Maysaloun Hamoud
Cette jeune réalisatrice, née à Budapest et élevée près de Saint-Jean-d’Acre, sortira en France son premier long métrage de fiction au printemps 2017. Le film tourné en langue arabe raconte le quotidien de trois jeunes arabes israéliennes, colocataires à Tel-Aviv.
Bar Bahar (بر بحر – en arabe),
Lo Po Lo Sham (לא פה לא שם – en hébreu) ou
In Between, son titre international, a déjà été récompensé du prix de la meilleure première œuvre de fiction à la 32è édition du festival international du film de Haïfa.
Regarder le trailer de Bar BaharKaouther Ben Hania
La réalisatrice tunisienne a décroché en 2016 un Tanit d’or – principale récompense des Journées cinématographiques de Carthage – avec son documentaire
Zaineb n’aime pas la neige. Après un tournage qui dura 6 ans, elle livrait le récit d’une adolescente émigrant au Québec avec sa mère, à la suite du décès accidentel de son père. En 2017, Kaouther Ben Hania revient avec
La belle et la meute. Une étudiante tunisienne sort danser en discothèque et fait la connaissance de Youssef. Le reste sera dévoilé cette année…
Regarder le trailer de Zaineb n’aime pas la neigeUdi Aloni
Le réalisateur israélo-américain a fait polémique au dernier Festival International du Film de Berlin, où son long-métrage Junction 48 a finalement remporté le prix du public. Ce drame social, situé dans la ville mixte de Lod, raconte le parcours d’un jeune rappeur palestinien – le musicien Tamer Nafar – qui brave tous les obstacles pour participer à un concours de hip-hop à Tel Aviv. Udi Aloni y dénonce le nationalisme de son pays mais n’oublie pas de prôner la réconciliation, comme dans son précédent film, Forgiveness. Voua pourrez vous faire un avis en avril 2017.
Hyam Yared
À travers ces combats intestins qu’ils se livrent, les personnages de
Hyam Yared nous confrontent tour à tour à l’extrémisme religieux, le militantisme politique aveugle, l’égo libéral tout puissant et l’absence de mémoire. L’histoire et l’Histoire se mêlent l’une à l’autre, confortant chaque vision dans une légitimité construite de toutes pièces. L’empire chrétien d’Orient, la Grande Syrie laïque d’Antoun Saadé, le panarabisme, les nationalismes, les printemps arabes : aucun de ces rêves collectifs n’est épargné. On ne sort pas indemne de la lecture de Hyam Yared. On en garde un sentiment ambigu en travers de la gorge. Imbibé de l’ivresse d’avoir disséqué le monde et de s’être disloqué dans le même temps.
Relire « Hyam Yare, un cri dans le silence ».Inaam Kachachi
Mercredi 19 octobre 2016. Il est 19H30 à la Salle du Haut Conseil, au 9ème étage, de l’Institut du monde arabe. La cérémonie de remise du Prix de la littérature arabe à
Inaam Kachachi, pour son roman
Dispersés, a commencé depuis quelques minutes. Inaam Kachachi a entamé sa carrière de journaliste il y a trentaine d’années avant de devenir écrivaine. La voilà qui monte sur l’estrade pour recevoir son prix. Le discours qu’elle donne est à l’image de sa personnalité : plein de noblesse, de sagesse et d’humanité. Elle est irakienne et a conscience que la mosaïque de cultures qu’elle représente se désintègre. Dans un ultime geste de résistance, elle rappelle à son auditoire : « Je suis certes chrétienne chaldéenne mais je viens d’une culture arabo-musulmane ».
Relire « La tragédie Irakienne vue par Inaam Kachachi »Leila Slimani
Leila Slimani, avec ses cheveux bouclés, son écriture aussi limpide que profonde, ses histoires qu’on se surprend à lire d’une seule traite, aura assurément fait cette année 2016. Première femme de nationalité marocaine à décrocher le précieux Goncourt, à l’unanimité, autant dire qu’il y a de quoi ne pas rester indifférent. A seulement 35 ans, elle est déjà auteure de deux romans qui auront marqué le top de ventes des libraires. Pour 2017, Leila ne nous veut que du bien: nous donner à lire, et cette fois-ci il faudra l’attendre du côté de l’essai. Le livre en question est le résultat d’un travail de deux ans d’enquête sur la condition féminine au Maroc. Pour le découvrir, il ne faudra pas attendre très longtemps, vu qu’il sera dans les librairies dès ce janvier, apprend-on. Intitulé Sexe et Mensonge, il sera publié aux éditions les Arènes. « Plus le sujet est difficile et a priori infaisable, plus je fonce », confiait-elle à la presse. Ambitieuse et talentueuse.
Cheb Moha
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- © Cheb Moha
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- © Cheb Moha
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- © Cheb Moha
Ce jeune Omanais, basé à Dubaï, inonde internet de ses clichés argentiques, qui célèbrent, en 35mm, les couleurs pleines de nostalgie de ses chimères khaleej-esques. Avec son esthétique rétro baignée par des soleils incendiaires, Cheb Moha distille avec délicatesse ses souvenirs du Moyen-Orient. Il collabore avec le rappeur Narcy et A tribe called red pour la photo et le stylisme, autre flèche à son arc.
Compte Instagram : @chebmoha et Tumblr.
Morteza Niknahad
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- © Morteza Niknahad
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- © Morteza Niknahad
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- © Morteza Niknahad
Originaire de Bandar Abbas, au sud de l’Iran, ce photographe autodidacte, né en 1984, nous transporte dans un univers scénique à l’esthétique poétique époustouflante.
Influencé par l’art cinématographique, dans lequel il évolue également, ses photographies sont construites sous forme de séries narratives connexes. Le monde contemporain, les relations ainsi que la condition humaine sont ses sujets de prédilection qu’il aborde de manière intelligente et subtile.
Compte Instagram : @MortezaNiknahad.
Tasneem Al-Sultan
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- Saudi Tales of Love © Tasneem Alsultan
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- Saudi Tales of Love © Tasneem Alsultan
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- Saudi Tales of Love © Tasneem Alsultan
Tasneem Al-Sultan a grandi entre les Etats-Unis, l’Angleterre et l’Arabie Saoudite. Elle a été l’une des premières femmes photographes de mariages dans les pays du Golfe, où elle a pu documenter les traditions et les cultures de la région. Grâce à ses photos qui dépassent la simple photographie de mariage, mais s’apparentent plus à du reportage journalistique, elle s’efforce de découvrir la réalité de la situation des femmes. Elle porte la lumière sur les petites zones de la vie d’une femme que les grands médias ont tendance à ignorer.
Pour sa série Saudi Tales of Love, Tasneem, qui a été mariée à 17ans et est mère célibataire de deux petites filles depuis plus de 10 ans, écrit : « Alors que l’Arabie saoudite est un symbole international de l’Islam, de nombreux Saoudiens seraient d’accord pour qu’il y ait une forte déconnexion entre le Coran et les traditions locales. Je voulais répondre à la question que beaucoup ont partagé: avons-nous besoin de mariage pour signifier que nous avons l’amour? Avez-vous besoin d’un mari pour avoir une vie significative? »
Compte Instagram : @tasneemalsultan
Sophia al-Maria
Sophia al-Maria a fait beaucoup parler d’elle en 2016. Cette jeune américaine originaire du Qatar s’est fait connaître par son concept de
Gulf Futurism inspiré de l’Afro-Futurism. Ses installations, vidéos et essais ont voyagé de Beyrouth à Genève, Dubaï et une exposition solo au Whitney Museum de New York. Elle explore la science-fiction en faisant référence autant aux écrits de Baudrillard et de Zizec qu’à Matrix et au soufisme.
The Limerent Object (2016), actuellement exposé à la Biennale de l’Image en Mouvement de Genève, marque une transition dans son œuvre, explorant les dualités homme-femme et la tension sexuelle comme générateur de chaos.
Une exposition lui sera consacrée à la Third Line de Dubaï en mars 2017.
Ismail Bhari
Ismaïl Bahri construit, depuis une dizaine d’années, un univers élégant en mettant ses œuvres « au travail ». Avec la vidéo, son médium privilégié, il explore des matériaux caractéristiques de ses recherches plastiques : le temps devenu malléable, la lumière qui révèle les relations, l’encre qui contient toutes les écritures possibles et le vent qui vient ponctuer les hasards.
Les oeuvres d’Ismaïl Bahri focalisent leur attention sur des micro-événements. Elles documentent et expérimentent les frictions à l’œuvre entre le calfeutré et le dehors, entre soi et l’autre, entre le corps et ses alentours. En abaissant notre niveau de perception par la soustraction d’éléments signifiants, elles suggèrent que l’événement, bien que filmé, est toujours manqué.
Le musée du Jeu de Paume lui consacre une exposition du 13 juin au 24 septembre 2017.
Mustapha Akrim
Mustapha Akrim est une figure montante de l’art contemporain marocain, faisant partie de la génération 00. Témoin des changements permanents de la société, son oeuvre tourne autour de la thématique centrale du travail : elle interroge les questions liées à la jeunesse, ses droits et sa relation au travail. Elle propose également une relecture de l’Histoire et de la mémoire collective, à travers la réinterprétation d’objets tels que les billets de banque.
En ce début d’année 2017, Mustapha Akrim travaille sur une résidence de recherche à l’appartement22 dans le cadre de l’exposition « JF-Jh » proposée par Abdellah Karroum. Celle-ci pose une réflexion sur la notion de l’égalité.