L’année 2017 s’en est allée et 2018 prend la relève pour continuer à nous offrir un dynamisme culturel et artistique toujours plus prégnant. Rétrospective sur nos coups de coeur passés et futurs.
MUSIQUE
Yüma
Après s’être fait connaître sur la toile et avec un premier album intitulé Chura, le duo tunisien s’est rapidement affirmé en Tunisie, et au delà, comme un incontournable de la scène musicale alternative en Afrique du Nord. Deux voix, une guitare folk, la recette est aussi simple qu’épurée pour Yüma qui se révèle maître dans l’art de la ballade folk. Les deux musiciens Sabrine Jenhani et de Ramy Zoghlami dévoilent une alchimie musicale instinctive et gracieuse portée par des textes en tunisien et en anglais. A suivre en 2018 avec la sortie d’un second album !
Toot Ard
Originaire du village de Majdal Shams sur le plateau du Golan, le groupe palestinien Toot Ard a sorti Laissez Passer le 10 novembre 2017 sur le – désormais incontournable – label Glitterbeats. « Laissez Passer » est une ode métissée à ceux qui subissent aujourd’hui les frontières, aux apatrides et aux exilé(e)s. En proposant une palette musicale riche teintée de blues, de rythmiques reggae et de riffs psychés émanant d’une guitare arrangée en oud, Laissez Passer est une chaleureuse invitation à transcender les limites qu’imposerait un genre musical… A écouter ou à découvrir sur scène de toute urgence en 2018 !
CINEMA
Meryem Benm‘Barek
Meryem Benm’Barek a fait des études de réalisation à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle de Bruxelles. Après plusieurs courts métrages remarqués, dont Jennah – qui avait reçu le Grand prix du meilleur court-métrage au festival de Rhode Island (US) – la jeune réalisatrice aura une année 2018 forcément marquante. Elle vient en effet de terminer le tournage de son premier long métrage au Maroc : Sofia. Nous sommes impatients de découvrir les images de ce film et de ses protagonistes.
Lyna Khoudri
Lyna Khoudri, la bienheureuse. Née à Alger en 1992, la jeune femme a notamment fait sa formation au théâtre national de Strasbourg. En 2017, elle s’est faite remarquer pour sa brillante interprétation de Fériel, jeune rescapée de la guerre civile algérienne dans Les Bienheureux de Sofia Djama. Ce rôle lui a valu le prix Orizzonti de la meilleure actrice à la 74e Mostra de Venise et une présélection aux Révélations des Césars 2018. Une jeune actrice à suivre de près donc, cette année.
LITTÉRATURE
Karim Kattan
Karim Kattan a publié cette année son premier ouvrage. Un recueil de trois nouvelles, regroupées sous un titre énigmatique et poétique, Préliminaires pour un verger futur (éditions Elyzad). Nous lui avions d’ailleurs consacré la chronique Lettres de Paris-Alexandrie, à cette occasion. Artiste aux multiples talents et ambitions, Karim Kattan a également fondé l’association El-Atlal, une résidence d’artistes et d’écrivains à Jéricho, Palestine. Il prépare sa prochaine publication qui sera, cette fois, de la science fiction. Déjà l’essai d’un nouveau genre pour ce jeune écrivain.
Deena Mohamed
Deena Mohamed est connue pour sa super-héroïne Qahera qui avait remporté le prix de la Meilleure bande dessinée numérique lors de la première édition du CairoComix. Qahera est une série de 8 histoires courtes publiées en ligne qui abordent la condition de la femme en Egypte et en particulier le harcèlement sexuel. D’internet la dessinatrice égyptienne est passée à l’album papier. Fin 2017, elle présentait sa dernière bande dessinée Shubeik Lubeik, une satire sociale qui aborde les espoirs perdus d’un peuple. Mis en conserve, les espoirs des personnages sont transformés en biens de consommation dont l’achat et la vente sont réglementés par le gouvernement.
PHOTOGRAPHIE
Ilyes Griyeb
Cette jeunesse, qui s’éternise en accumulant petit à petit les décennies, semble incapable d’apaiser ou de dépasser sa frustration. Paralysée par un futur qui n’advient pas, elle peine à s’inventer un présent ; à la place elle propage sur les réseaux sociaux, via de belles photos, une fiction à laquelle tout le monde feint de croire.
Compte instagram : @Ilyesg
Ali Al Shehabi
Originaire du Bahreïn, Ali Al Shehabi est un photographe basé à Dubaï, dont l’oeuvre s’inscrit dans l’effervescence artistique que connaît la ville depuis quelques années. Son travail photographique met en valeur une vision neuve de l’identité arabe, qui se propose de réinvestir les esthétiques traditionnelles sous l’angle de la modernité. Un artiste à suivre en 2018 d’autant plus que son parcours est atypique : c’est un accident l’ayant handicapé pendant plusieurs mois qui l’a mené à occuper son temps libre en prenant des photos du quotidien qui l’entoure. Le choix de l’argentique ? « Je n’avais pas assez d’agent pour m’acheter un bon appareil numérique, alors j’ai commencé à prendre des photos avec les vieux appareils de ma mère ! » De ces productions en ressort la belle sensibilité avec laquelle il capture des évènements de tous les jours, qu’il parvient pourtant à rendre particuliers.
Compte instagram : @alishehaabi
ARTS PLASTIQUES
Nada Baraka
Jeune artiste peintre originaire du Caire, Nada Baraka s’est formée aux beaux-arts à l’Université américaine du Caire et au Central Saint Martins de Londres. Sa première exposition individuelle a eu lieu à la Mashrabia Gallery, au Caire, en 2015. Elle a également participé à plusieurs expositions collectives au Caire mais aussi à Paris, Londres ou encore aux Etats-Unis ou au Portugal. Dans son travail, mêlant peinture abstraite et surréalisme, elle explore la représentation du corps et aborde des questions telles que le genre, l’identité et l’esthétique. Ses tableaux, très organiques, reflètent sa passion pour la biologie.
Monir Shahroudy Farmanfarmaian
Premier musée dédié à une femme en Iran, le Monir Museum a ouvert ses portes en décembre 2017 dans le jardin du Negarestan à Téhéran, et accueille une cinquantaine d’œuvres de l’artiste Monir Shahroudy Farmanfarmaian. Grande figure de la modernité iranienne, qu’elle importa à New York durant son long exil, à la suite de la révolution de 1979, amie d’Andy Wahrol, de Jackson Pollock et de Willem de Kooning, elle est devenue l’une des personnalités les plus éminentes du monde artistique iranien. Ses œuvres, dont une partie fut confisquée et détruite durant la révolution islamique, croisent des techniques traditionnelles persanes avec l’abstraction géométrique occidentale. L’ouverture de ce musée est l’occasion pour les Iraniens d’aller la redécouvrir.
ARTS DU SPECTACLE
Kabareh Cheikhats
Kabareh Cheikhats est un spectacle musical qui ne laisse pas indifférent. Habillés en caftans traditionnels, maquillés, tatoués et décorés de bijoux, les 12 hommes de Kabareh Cheikhats savent mettre l’ambiance. Mis en scène par Ghassan El Hakim, Kabareh Cheikhats rend hommage aux Chikhates, chanteuses et danseuses d’antan, souvent stigmatisées par la société marocaine, et qui sont pourtant les gardiennes d’un patrimoine oral, musical et poétique inestimable. Accompagnés de musiciens, les Chikhates entonnent la « Aita »( littéralement « appel, cri ou complainte ») un chant rural spécifiquement marocain et reprennent des chansons de Fatna Bent Lhoussina, Hajja Hamdaouiya ou encore Cheikha Coupasse, divas de la « aita » au Maroc.
Collectif El Ghemza
El Ghemza est un collectif d’artistes venant de cultures et de milieux différents et qui ont à cœur la recherche et la performance théâtrales. Le projet a été fondé par Azzedine Hakka, metteur en scène, à Paris, il y a quelques années. Les créations se sont succédées, parfois des œuvres originales mais aussi des reprises d’œuvres classiques. 2018 sera l’année d’un grand projet, celui de l’adaptation de Mondes, d’Alexandra Barrea, qui donnera la représentation de « Ceux qui brûlent » fin janvier à Gare au Théâtre (Vitry). L’opus interroge la violence de l’exil, de la séparation mais aussi celle des images prenant à bras le corps la question de l’actualité et de sa médiatisation. Le choix de leur nom – el ghemza ou clin d’œil en arabe – souligne la connivence avec leur public, mais aussi symboliquement la rencontre de toutes les cultures que l’art du spectacle rend possible.
DESIGN
Eyen Studio
Découverts à l’occasion de la Amman Design Week, Omar Al-Zo’bi et Yousef Abedrabbo, représentent une nouvelle génération de designer « graphistes » redéfinissant la notion de logo et de marque. Attachés aux notions d’héritage et d’innovation, le duo Jordanien est à l’origine du studio eyen («yeux » ou « printemps ») qui propose des productions allant au delà du « branding » poussant à une redéfinition des codes visuels et marketing utilisés dans le monde arabe et provoquant un « printemps du graphisme ».
Compte Instagram : @eyen.design
Disarming Design From Palestine
Fruit d’une collaboration internationale, Disarming Design From Palestine est un label de design qui a pour but de réinterpréter les pratiques artisanales palestiniennes afin de produire des objets du quotidien qui racontent les situations de conflit. Avec humour et délicatesse, des designers contemporains, artistes et artisans contribuent à élaborer une production autant innovante qu’alarmante avec des objets disposant d’une forte valeur symbolique (« chechpoint bag », « freedom shoes », « distance to Gaza plate ») à acheter sur internet ou à l’occasion de « create shop » partout dans le monde.
Compte Instagram: @disarmingdesign
Page Facebook : Disargming Design