N3rdistan. Au pays des exilés numériques, l’électro est poétique

Certaines rencontres mènent aux plus belles découvertes. A Visa for Music, premier salon de la musique destiné à l’Afrique et au Moyen-Orient, nous avons rencontré Walid Benselim, leader du groupe N3rdistan. Portrait.

Vous ne le connaissez peut-être pas, mais Walid Benselim a derrière lui une dizaine d’années de carrière. D’abord leader de Thug Gang, un groupe de rap lancé dans les années 2000, puis engagé dans une formation de metal, le chanteur et rappeur a fondé N3rdistan il y a deux ans. Un projet gardant sa base dans l’électro mais partant à la découverte des poètes du registre classique arabe.

N3rdistan est avant tout une volonté de rappeler l’engagement des générations passées, dont les causes restent d’actualité aujourd’hui. A travers une poésie qui prône la liberté et dénonce l’injustice, refusant l’occupation ou la censure, N3rdistan tient un discours intemporel.

Découvert lors de son concert à Visa for Music, jeudi 13 novembre, avec Driss El Maloumi et Mashrou’ Leila, Walid Benselim et son groupe ont embarqué la foule dans un voyage célébrant la beauté de la langue arabe à travers un métissage sonore audacieux. Les rythmes colériques de la batterie se sont mêlés aux airs sacrés de la kora, le tout sur un fond électro mettant en valeur les textes de poètes comme Ahmed Matar, Nizar Qabbani ou encore Al Roundi.

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Au showcase de N3rdistan, l’ambiance est mystique. Walid, un mégaphone à la main, rappelant les mouvements contestataires, chante et rappe pour manifester son engagement. Une voix qui sonne comme un appel à une prise de conscience de la situation actuelle. « Nous ne militons pas pour une cause particulière », nous confie-t-il. « Nous prônons des valeurs, celles de la liberté et de la démocratie ».

 Al Roundi revival

Lorsque Walid Benselim se présente sur la scène du Théâtre Mohamed V, Benjamin Cucciarra enlace sa kora, Cyril fait résonner sa batterie et Widad s’empare des platines. Le groupe démarre sa prestation sur un poème de Jabran Khalil Jabran, 7or (Libre). Le public, venu essentiellement pour le groupe libanais Mashrou’ Leila, se voit offrir une belle découverte qu’il ne soupçonnait pas. On ressent l’étonnement, mais aussi une adhésion totale du public. Walid Benselim enchainera plus tard avec Sawtou safiri lboulboul (Le son du sifflement du rossignol), où Walid invite Widad, discrète tout au long du concert, à le rejoindre sur le devant de la scène. Le duo met le feu sur la scène avec un rap énervé sur un texte d’Al Asmai.

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La musique de N3rdistan déroute. Le groupe raconte des histoires des temps révolus en rappelant qu’ils sont plus que jamais d’actualité. Un travail salutaire qui exprime fidèlement les maux et les obstacles dont souffrent nos sociétés arabes.

(Avec Youssef Roudaby)

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