L’actualité récente en Algérie et au Maroc nous le rappelle : la musique est politique. Depuis quelques mois, une vague d’arrestations sévit dans les deux pays. Les artistes sont concernés.
Au Maroc l’artiste Gnawi, co-auteur du titre Vive le peuple a été condamné en janvier 2021 pour « outrage à fonctionnaire public ». En Algérie, celui qu’on appelle « le poète du hirak», Mohamed Tajadit, a été placé sous mandat de dépôt. La musique est politique, cela n’a rien de nouveau. Depuis plusieurs décennies, la musique au Maroc comme en Algérie se fait caisse de résonance de la contestation sociale. La musique qui raconte, sans détours, le quotidien des sociétés marocaines et algériennes a traversé des générations. Preuve en est : les chants engagés de Nass el Ghiwan au Maroc et de Matoub Lounès en Algérie restent encore populaires aujourd’hui.
Pourtant, les deux dernières décennies ont vu émerger de nouvelles formes de contestation. Dans le rap, les scènes alternatives, les stades de foot ou simplement dans la rue, les voix des marocains et des algériens ont vibré avec de nouvelles notes. Au Maroc, la génération Nayda des années 2000 a fait souffler un vent de rap engagé qui a, aujourd’hui, évolué vers la trap et la pop. L’Algérie a, elle, connu des générations successives de rappeurs des années 80 à 2020.
Mais, fait nouveau aujourd’hui : les stades créent, eux-aussi, des chants écoutés par le grand public. Dans un contexte où les revendications sociales et politiques se font criantes – un mouvement populaire a agité le rif au Maroc en octobre 2016 et une série de manifestations hebdomadaires d’une ampleur inédite (Hirak) se sont tenues pendant 1 an et 6 mois en Algérie depuis février 2019 – tous les moyens sont bons pour soulever les foules.
D’Alger à Casablanca en passant par Tanger, les chants libres et crus des stades de foot ont atteint des millions de gens sur les réseaux sociaux. Opprimé dans mon pays! (F’bladi delmouni!), C’est le pays du mépris (Hadi Blad el Hogra) ou La casa del Mouradia : tous sont les titres de chants que l’on doit aux ultras de clubs de foot de Casablanca, Tanger et Alger. Ces titres ont d’ailleurs traversé des frontières puisque des chants marocains ont été repris dans les manifestations algériennes et vice versa.
Comment les stades de foot et les communautés de supporters ont-ils pris autant de place dans la contestation ? A quand remonte leur politisation ? Les rappeurs sont-ils encore aujourd’hui les portes-paroles des revendications de la rue ? De quel oeil les marocains voient-ils la contestation en Algérie et vice versa ?
Ce dossier propose une réflexion en entretien, en portrait et en analyse autour des liens entre musique et contestation sociale au Maroc et en Algérie ces deux dernières décennies.
N’attendez plus !
- Mettez vous dans la peau d’un ultra tangérois, en texte et en musique.
- Découvrez la vision d’un rappeur algérien (Diaz de MBS) et d’une rappeuse marocaine (Khtek) de deux générations différentes.
- Informez-vous sur les origines de la contestation en musique au Maghreb à travers les voix de deux chercheurs.
- Apprenez-en plus sur Ouled el bahja, les ultras qui ont composé la célèbre Casa del Mouradia, hymne du Hirak Algérien.
- Découvrez notre liste collaborative de contenus photo, vidéo, scientifiques et littéraires pour aller plus loin sur cette thématique.
On espère que ce premier dossier vous plaira ! Bonne lecture.