Moultaqa Leymoun, collectif de danse contemporaine arabe

Yara Boustany
Yara Boustany

Du 11 au 27 avril prochain, se tient à Beyrouth la 13ème édition du festival Bipod, une série d’événements en présence d’artistes internationaux, axés autour de la danse contemporaine. En plus d’une décennie, cette manifestation a imposé le Liban sur la scène artistique contemporaine, agissant comme catalyseur créatif à travers Moultaqa Leymoun : une plateforme de promotion de danseurs contemporains d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Fondé par le célèbre chorégraphe libanais Omar Rajeh, qui tourne en ce moment en Europe avec son spectacle Beytna, retour sur ce premier collectif de danse panarabe.

L’incubateur de la danse contemporaine libanaise

Depuis sa création en 2009 par le chorégraphe et danseur Omar Rajeh, également fondateur de la compagnie de danse théâtrale Maqamat, Moultaqa Leymoun a installé la danse contemporaine arabe, sur le plan international et régional. Son but est de favoriser les rencontres entre danseurs issus des pays arabes avec des producteurs internationaux.

Des artistes confirmés comme émergents, venus du Maghreb, d’Egypte et du Levant sont présentés chaque année à un public international, afin de faire connaître la création de la région, comme nous explique Mia Habis directrice artistique du collectif. “Nous présentons des artistes établis comme de jeunes chorégraphes qui sont encore au tout début de leur carrière, mais qui ont tous des approches créatives uniques. Il est important pour nous de les faire découvrir au public libanais et étranger afin de les encourager à poursuivre leur passion.”

Depuis, la plateforme a présenté plus de 300 spectacles et projets à des professionnels de la danse du monde entier, curieux de découvrir ce qui se passe dans le domaine, au Liban et dans les pays arabes. Elle se concentre non seulement sur l’organisation de programmes culturels comme des séminaires, projections, ateliers et panels de discussion, mais investit également dans la formation des danseurs, avec le projet Takween ou la résidence d’artistes Maqamat beit el Raqs installée dans les montagnes du Chouf

Le rôle du festival n’est pas seulement de présenter les artistes, mais aussi de les accompagner dans leur évolution. Nous les conseillons, guidons, présentons à nos réseaux internationaux mais leur facilitons aussi parfois le côté administratif, insiste Mia Habis.

Moultaqa Leymoun explore la danse contemporaine sous de nouvelles approches, à la fois conceptuelles et thématiques, en intégrant sa pratique dans une dimension sociale et environnementale actuelle.

Sarah Gabr

Sarah Gabr

Yazan Iwidat

Yazan Iwidat

La femme en haut de l’affiche 2018

Sans surprise, l’édition 2018 du festival Bipod a décidé de mettre les femmes à l’honneur, un thème définitivement en vogue chez les programmateurs d’événements “Cette édition est dédiée à la femme et plus spécifiquement à la femme chorégraphe. Nous avons voulu célébrer leur créativité, leur détermination, et leur combat qui véhiculent des valeurs de solidarité, de liberté, mais aussi de respect et de courage. », explique Mia Harbis.

On retrouve la danseuse espagnole Sol pico, qui dresse une performance/portrait de la femme contemporaine, mettant en scène des artistes qui cassent les stéréotypes de leur culture, mais aussi la célèbre danseuse italienne de Pina Baush, Cristiana Morganti, à travers « Jessica and me », un spectacle sur la création mêlant danse, vidéo et comédie dans une ode à la création.

 

Du côté du Moultaqa Leymoun, il présente 7 artistes venant de 6 pays dont la Tunisie, L’Egypte, le Liban, la Syrie, La Palestine ou encore l’Iran. Parmi eux : le danseur de hip hop tunisien Hamdi Dridi, la danseuse de ballet Sarah Gabr membre de la compagnie du Théâtre égyptien de danse moderne, Yazan Iwidat ancien danseur de Dabke palestinien, actif au sein de la compagnie de danse Sarreyet Ramallah.

La danseuse libanaise Yara Boustany s’est distinguée avec Evolvo, un voyage surréaliste au carrefour de l’art visuel, des technologies et de la danse. Pas étonnant, car avant de se lancer dans la danse, Yara a fait des études de cinéma à Beyrouth, avant de se tourner vers le jonglage et le clown. Passionnée, elle poursuit sa formation dans une école de cirque en Espagne où elle expérimente plusieurs disciplines comme le théâtre, le mime et la danse.

De cette multidisciplinarité, elle a sûrement tiré son inspiration pour Evolvo, une œuvre pour laquelle elle a reçu une bourse du fond Arabe pour les arts et la culture, et qu’elle présente lors du festival. Dans cette performance, elle interroge le rapport entre la nature et la ville, réfléchissant sur la possibilité d’inventer un nouvel équilibre à partir de ces deux polarités antagoniques. Physiquement, cette réflexion se traduit dans une sorte de voyage exploratoire de l’être humain à travers l’espace

j’ai voulu explorer le rapport de l’humain à la ville. L’homme est noyé par l’information et la rapidité des nouvelles technologies, ce qui le transforme en une sorte de guerrier mutant.

Une performance psychédélique où l’artiste mélange danse contemporaine et vidéos projections de photographies de son village de Rbeileh dans les montagnes. Elle présentera deux fois sa performance le 13 et 14 juin prochain au Métro Al Madinah à Beyrouth. En attendant, elle donne aussi des cours au sein de la compagnie Amalgame à Beyrouth.