Poétesse, musicienne et grande militante pour les droits de l’homme, Malouma chante le combat depuis toujours. Elle use de sa musique pour s’élever contre les injustices et faire entendre la voix du peuple mauritanien. Lors de la dernière édition du Festival Arabesques, Malouma nous a raconté ses débuts et son engagement.
Début d’un parcours
Je viens d’une famille d’artistes, mes parents sont chanteurs. J’ai appris l’essence de la musique traditionnelle grâce aux enseignements de mes parents. A 16 ans, j’avais envie de créer quelque chose qui se détache de tout ce que je connaissais comme musique traditionnelle. Les poètes traditionnels ne partageaient pas cette initiative et préféraient rester ancrés dans le monde de la musique classique. C’est pour cela qu’il était plus facile de faire des reprises au départ, avant de commencer à écrire mes propres textes sans coordonner avec des poètes mauritaniens, car le dialogue entre musiciens et poètes reste très compliqué dans mon pays. Ensuite a commencé une ouverture de ma production à l’international, la première fois que je me suis produite à l’étranger en 1988, c’était dans le cadre du festival de Carthage. Depuis, j’ai sorti quatre disques à l’étranger. J’ai fait d’autres disques, mais je les avais écrits pour la Mauritanie afin de porter la voix du peuple en dénonçant les inégalités, ainsi que les conflits et les problèmes de la société. J’exprimais leurs rêves, leurs ambitions et leurs désirs de voir les choses changer… C’est un peu comme ça que mon parcours a commencé. »
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=f3YOZ_RWZ-w[/youtube]Libérez Malouma !
« En 1992, j’ai débuté mon engagement politique. C’était une expérience très difficile mais tellement forte à vivre. C’est à cette période de ma vie que j’ai senti que j’étais la fille du peuple. Je mettais la lumière sur les grands problèmes en dénonçant ce qui se passait dans les coulisses de la politique. Cela a duré pendant plusieurs années jusqu’à ce que la situation s’aggrave puisque j’ai été interdite dans les médias, j’ai eu de multiples problèmes durant 15 ans. Dix mille personnes ont investi les rues et réclamaient qu’on lève cette censure. J’étais tellement touchée par tous ces enfants de mon peuple qui m’ont soutenue, cela m’a clairement encouragé à continuer mon engagement politique. J’ai donc rejoint le parti de l’opposition tout en essayant de travailler à promouvoir les arts et la culture dans mon pays. En 2008, j’ai été élue sénatrice, ce qui m’a mis dans une situation où il fallait choisir entre ma musique et la politique. Cela a donné une nouvelle dimension à mon engagement parce que je pouvais enfin militer pour le peuple et faire entendre sa voix au parlement. Aujourd’hui, la politique est une page tournée pour moi, même si je continue à chanter pour mon pays et que je serai toujours engagée pour le développement de la Mauritanie et pour mettre en avant ses valeurs et sa culture. »