C’est dans un café d’Achrafieh que nous rencontrons Mae Ibrahim Abdel Sater. Pétillante et enjouée, la jeune femme nous raconte son immersion dans l’art au rythme des papillonnements de ses cils et de ses éclats de rire cristallins.
Wajaa
Tout en étant à sa dernière année d’un cursus en cinéma, Mae travaille depuis 2011 sur divers arts visuels et a déjà réalisé plusieurs vidéos ainsi que des reportages de photojournalisme. Influencée par son père, Mae voue un réel culte au cinéma égyptien , avec son univers mythique et ses icônes légendaires.
Cette passion lui donne envie de dépoussiérer le cinéma libanais et la décide à poursuivre ses études dans le domaine. En s’y intéressant de plus près, Mae saisit alors la raison de l’éternelle nostalgie de ses parents.
Elle découvre le Beyrouth d’avant la guerre civile sous sa face la plus radieuse, avec ses souks, son agitation et ses belles bâtisses. “Wajaa”, c’est le mot qu’utilise Mae pour designer la déchirure qu’elle ressent face à la découverte de cette beauté déchue.
Banafsaj in the city
Tout en étant nostalgique de ce visage de Beyrouth qu’elle n’a pas pu voir, Mae Ibrahim Abdel Sater est une fille de son époque.
Elle crée rapidement un personnage à son image, en reprenant le terme de « Banafsaj » qui désigne à la fois la violette et sa couleur puis raconte son expérience de la ville. Que ce soit dans l’atmosphère des photos de la ville et ses habitants ou les courbes harmonieuses de la typographie arabe, l’univers de la jeune fille possède une « arab touch » qu’elle brandit fièrement. Une de ses séries les plus appréciées par ses followers reprenait des photos de villes du monde arabe avec une typographie qu’elle a elle-même conçue.
À côté de ses activités artistiques, Mae est également active dans le milieu associatif et anime depuis deux ans des spectacles de marionnettes avec les réfugiés syriens.
« C’est toujours très beau de voir les réfugiés laisser leur malheur s’exprimer à travers la marionnette, car il y a une distance suffisante pour leur donner l’impression que ce ne sont pas eux qui parlent »
Des vidéos au documentaire
Malgré la multiplicité des activités de la jeune femme, le moyen qui lui permet le mieux d’exprimer ses pensées reste la vidéo. Mae garde un souvenir solaire de son passage en Egypte, dans la place Oum Kelthoum au bord des eaux du Nil.
Elle nous raconte avoir fait un tour dans l’hôtel qui a poussé à la place de la maison de la diva et avoir ressenti des frissonnements en imaginant les vibrations qui ont pu émaner de ce lieu. Elle immortalise alors ces rêves qui l’habitent sous la forme d’une vidéo en hommage à la reine incontestée de la musique arabe.
Pour son tout dernier projet, Mae a décidé de rendre cette fois-ci hommage à sa ville natale. En dévoilant la ville à travers le regard nostalgique de ses habitants et en dépoussiérant les pièces historiques qui la commémorent, la jeune fille cherche à capturer ce souvenir beyrouthin qui flotte dans l’amnésie collective.
Aujourd’hui, les groupes immobiliers se partagent la ville à coups de grands projets qui la défigurent et de malls qui essaiment çà et là. Pour Mae, cette reconstruction est symptomatique de cette disparition de la mémoire. Selon elle, les opérations de chirurgie si prisées dans le pays vont également dans ce sens en tant qu’ils cultivent la chimère du bonheur.
C’est donc le souvenir brûlant de Beyrouth dans le vécu de ses habitants qui obsède Mae pour son projet de documentaire. Nous avons déjà hâte de le découvrir!
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