Lorsque l’« homme bleu » originaire et amoureux du désert algérien rencontre son compatriote du nord du pays, ce sont, presque, deux inconnus qui se croisent et apprennent à s’apprivoiser. La rencontre de deux mondes différents et pourtant si proches pourrait ainsi produire d’incroyables échanges. C’est le pari du Timber Project qui souffle sur les vagues méditerranéennes pour qu’elles viennent s’écraser sur le massif rocheux de Djanet produisant une explosion pétillante de sons et de couleurs.
Les’Arts, une communauté artistique
Lorsque les talents artistiques algériens commencent à éclore, rares sont les professionnels pouvant leur porter conseil ou les accompagner. Pour capitaliser sur les acquis confirmés et permettre une évolution continue, le collectif Les’Arts s’est constitué. En regroupant des artistes multidisciplinaires et des amoureux de la culture, Les’Arts a réussi à sceller les liens entre les électrons créatifs libres et à créer un large réseau qui rend possible des échanges d’expérience féconds.
Des concerts en appartement et des expositions visuelles et sonores sont possibles dans un studio aménagé du quartier de « Birmandress ». Formations, événements et rencontres sont à l’ordre du jour dans ce lieu d’interactions sur lequel le collectif a jeté tout son dévolu.
Actifs depuis deux ans, les’Arts diversifie ses manifestations et mène des voyages de recherche pour solidifier les ponts entre les régions algériennes. Celui effectué à Djanet marquera le début d’une nouvelle aventure.
Le Timber Project
Empruntant à la ville de Djanet, le nom de sa colossale montagne rocheuse « Timber », le projet vise à connecter cet oasis à Alger. En s’appuyant sur un réseau d’associations locales, le Timber Project articule ses actions autour de trois volets principaux: artistique, humanitaire et économique pour permettre une dynamisation de l’ensemble du tissu social.
Dans la région sud, une forte dynamique nocturne règne. Lorsque le ciel étoilé recouvre les dunes refroidies, des notes de guitares s’évadent des tentes. Chaque touareg est un sage musicien qui ne tarit pas de poésie lyrique et de proverbes plein d’enseignements. Lorsqu’ils jouent, le temps s’arrête et leurs invités apprennent à savourer le même verre de thé pendant des heures.
Forgerons, guides ou encore chameliers, plusieurs métiers des habitants du Sahara se rattachent de près ou de loin au tourisme. En organisant des virées de groupe pour le sud, Les’Arts contribue à raviver le tourisme national.
Ces voyages du nord au sud permettent aux artistes du collectif de se retrouver dans le cadre de résidences pour des créations inédites. Divers ateliers sont alors animés : Imesli, l’atelier musical permettra à plusieurs musiciens (Hayat Zerrouk, Abdi dit l’bandit, Ayoub Mdjahed, et les groupes ; Tissilawen, Imidwen, Imrhane) d’enregistrer un album patrimoine fusionnant les musiques du nord à celles du sud ; Ahanai, l’atelier cinématographique produira deux documentaires en tournage pour promouvoir la diversité culturelle algérienne ; Assawad, l’atelier photographique aboutira sur une exposition collective de regards croisés de photographes, de Djanet et d’Alger ; enfin Ambedal est l’atelier dédié à la formation de jeunes-pousses.
Mehdi Hachid, le chef d’orchestre
Le remède aux dires est dans le faire », cet adage touareg semble bien décrire l’attitude du militant culturel et social derrière tous ces projets. Mehdi Hachid, communicant infatigable, est aussi doté d’un œil vif. Celui d’un photographe sensible qui perçoit la beauté des choses simples et capture le meilleur de ce qui l’entoure.
Dans son grand intérêt pour la communication non-verbale, Mehdi a nourri une curiosité pour les gestes manuels. Leur sens peut différer d’un pays à un autre mais il constitue toujours une forme intégrée du langage.
Les photos de Mehdi relèvent par leurs forts contrastes toute la force et le pouvoir de ces mains dont le mouvement arrache, crée et fonde. Pour Mehdi, c’est une divine créature que « la main qui porte, opère, vole, caresse, frappe, tue et prie ».
Très attaché au noir et blanc, la couleur n’intervient chez le photographe que si elle est nécessaire. Dans la série « BIMAN II», elle éclaire des peaux marquées par le poids des années et des efforts.
Lorsqu’elle n’appuie pas sur le déclencheur, ni serre la poignée d’un client de son agence de communication, celle de Mehdi s’essaye à quelques notes de mandole.