Prochaines dates en avril
18 The Music Room, Dubaï (UAE)
23 Yukunkun, Beyrouth (Liban)
23 Sofar Sounds, Istanbul (Turquie)
25 Date, Istanbul (Turquie)
Vendredi dernier, nous étions au concert des Two Wooden Stones au Cotton Club à Rabat. « Nous avons passé un moment formidable avec vous » disait Shélhôm, vocaliste du groupe, à la fin du concert. Tout le plaisir était pour nous.
« Nous nous sommes retrouvés par le plus grand des hasards à faire une tournée dans la région de l’Afrique du nord et du Moyen Orient, on ne savait pas trop ce que les gens allaient en penser au départ, mais nous nous sommes vite rendus compte qu’ils appréciaient énormément » nous racontait le chanteur du groupe dans un coin du bar après son dernier morceau. S’ils appréhendaient l’avis du public dans le monde arabe, ce n’est pas tout à fait fortuit. Quand on écoute les Two Wooden Stones, on sent des inspirations qui fusent de partout, des sonorités gitanes aux mélodies arabes ancrées dans un contexte folk virant au rock, mais qui n’en demeure pas moins sobre. Le résultat est une musique universelle qui puise son inspiration dans le voyage mais qui pourrait être, à tort, interprétée comme une caricature du style.
Sur scène, Shélhôm et son batteur, Jeau Champ, venus seuls défendre le dernier album du groupe, ne cachent pas leur excitation de faire découvrir leur musique à un public qui ne les connait pas forcément. « Nous ne sommes pas suffisamment riches pour assurer le déplacement de tout le groupe, vous savez, les billets d’avion et tout ça… La prochaine fois, nous essaierons de venir au complet ! » blaguait le chanteur entre deux chansons lors de la première partie du concert.
Si le public était essentiellement venu boire un verre dans un coin qui connait assez de succès à Rabat et qui voit se succéder les groupes chaque semaine, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que chacun détourne le regard de son verre, se détache de ses conversations et se focalise sur la scène. Parce que Shélhôm a quelque chose de très mystérieux qui nous séduit dès les premières notes. Ses yeux clairs, sa barbe mal rasée et sa voix pure et non moins puissante qui s’accapare l’espace. Les chansons se succèdent, comme un récit. Un récit sombre, certes, mais qui n’est pas pesant pour autant. Il y a une mélancolie qui traverse tout le répertoire du groupe, aussi bien leur premier disque que le second, mais qui ne devient pas lourde au fil du temps.
Quelques chansons plus tard, les Two Wooden Stones ont déjà acquis une foule de fans qui répète leurs refrains avec frénésie. Les verres se lèvent, on se rapproche de plus en plus de la scène. Un mec agite ses dreadlocks, se laissant emporter par le son de la batterie. Se succèdent alors des chansons que la plupart ont écouté pour la première fois mais qui ont pourtant un air familier, très nostalgique. Sold My Soul éveille l’attention des derniers réticents qui abandonnent leurs fauteuils blancs pour se rapprocher de cet univers qui embaume désormais toute l’atmosphère.
« Bon, c’est l’heure de la pause, il faut bien qu’on boive un coup nous aussi ! » annonce Shélhôm, enjoué. La pause ne durera que quelques minutes finalement pour que le duo reprenne le contrôle et chante les meilleures chansons de Looking for the Light, le dernier disque. Si les premiers morceaux proposés étaient aériens, la suite de la tracklist s’avère plus énergique, très féline. En témoigne le dernier titre chanté, Animal, où tous les clients du bar se sont mis debout, criant le refrain, les verres en l’air. Les Two Wooden Stones en repartent comblés, rejouent Sold My Soul une seconde fois pour clore le concert, à la demande du gérant qui invite les clients à acheter leur album. Shélôm a des étoiles dans les yeux et le sourire large d’un enfant comblé devant un public qui a répondu présent.
Au final, l’on est étonné par l’univers développé par le quatuor, un Français portant un kilt ayant fait le choix de s’installer en Allemagne pour fonder un groupe de world music qui crée une musique gitane teintée de notes orientales. On se résilie de comprendre mais on ne peut que succomber au charme d’une musique à l’identité universelle, qui se déguste à l’état brut, en esquivant toute tentative d’étiquetage préalable.