Le Pavillon des cultures arabes a célébré avec élégance les trente ans du Salon du livre de Genève, qui s’est tenu du 27 avril au 1er mai. Un rendez-vous désormais incontournable de la création littéraire arabe.
Pour la troisième année consécutive, le Pavillon des cultures arabes a dévoilé des trésors lors de la 30e édition de la plus grande manifestation littéraire de Suisse. Un espace qui se réinvente d’année en année, et qui comprend, parallèlement à une vaste librairie, une exposition de calligraphie, un atelier de contes ainsi qu’un café oriental intimiste.
Programmateur et fondateur du Pavillon, Younès Ajarraï, reconnaît l’importance de l’existence d’une telle plateforme culturelle dans une ville internationale comme Genève. Elle a pour objectif de permettre au public genevois, en majorité francophone, de mieux saisir les subtilités des sociétés arabes à travers une littérature foisonnante. La programmation porte ainsi essentiellement sur des auteurs arabophones qui sont soit traduits en français, soit d’expression française. Mais elle propose également une sélection d’ouvrages en langue arabe.
« Depuis la première édition du pavillon en 2014, nous ressentons un véritable engouement de la part du public pour la littérature arabe et le programme des débats proposés. Le pavillon se voit croître en surface d’année en année », se réjouit Younès Ajarraï. Un Pavillon qui privilégie avant tout la pluralité des idées, et qui a exposé cette année plus de trois mille titres.
Les écrivains deviennent les ambassadeurs de cette région multiculturelle, et nous veillons à ce que cette diversité se retrouve dans la liste des auteurs invités.
Passeurs de lettres
La programmation du Pavillon a été particulièrement riche et de qualité pour cette édition anniversaire du Salon, à laquelle étaient conviées de prestigieuses plumes, en provenance de pays arabes ou d’Europe. Parmi lesquels, notamment Vénus Khoury Ghata, lauréate du prix Goncourt de la poésie 2016, Boualem Sansal, lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française, les écrivains Rober Solé, Gilbert Sinoué, Yasmina Khadra, Najwa Barakat et Abdellatif Laâbi, et le dessinateur de presse Hani Abbas. Mais le pavillon a également fait la part belle aux talents émergents, tels que Leila Slimani, qui a remporté le prix littéraire de La Mamounia de Marrakech pour son roman Dans le jardin de l’ogre.
C’est un lieu où des esprits critiques s’expriment librement et pacifiquement sur des sujets audacieux ou peu traités. « Le Pavillon ne privilégie ni les nationalités ni les religions, et nous n’hésitons devant aucun sujet à débattre. L’idée est de créer le plus grand rassemblement d’intellectuels arabes en dehors de la région concernée », précise son fondateur.
Conçu pour permettre le dialogue entre de grandes personnalités de la littérature arabe, le pavillon propose des rencontres, débats et réflexions sur l’actualité non seulement littéraire et artistique, mais aussi politique et sociale. Cette année, il était question d’exil, de religion, du corps féminin et de sensualité, des mémoires et identités en littérature diasporique, de récits de voyage, des révolutions inachevées, de déplacements de population… La traditionnelle nocturne du vendredi a notamment été consacrée à la lecture des écrits d’exil de réfugiés syriens.
Au milieu de cette foire immense, le Pavillon est comme une maison, où l’on se sent chez soi. C’est un cadre important qui permet de retrouver une communauté d’esprit, de rencontrer des lecteurs et des intellectuels qui partagent les mêmes préoccupations sur la région, précise Robert Solé.
Une scène qui se distingue par la qualité des échanges et la diversité des thématiques abordées.
Dans les interventions, le passé revient en permanence car il explique le présent, il est un enseignement formidable, poursuit l’écrivain franco-égyptien. Je me considère un peu comme une passerelle entre deux mondes. En Europe, j’essaie d’expliquer l’Egypte, et en Egypte j’essaie d’expliquer le point de vue européen. Le pavillon permet de dissiper les malentendus des deux côtés.
Les grands noms de la littérature arabe ont l’opportunité de présenter leurs œuvres, d’exposer leurs points de vue, et de dialoguer avec le public; les lecteurs, de leur côté, prennent le temps de découvrir la variété des genres littéraires du monde arabe, d’y puiser de la sagesse, et de se forger une vision personnelle de la région, loin de celle véhiculée par les médias.
Le Pavillon est réellement le reflet d’une mosaïque, d’un monde arabe ouvert à sa propre diversité culturelle, ethnique, religieuse, culinaire… Un événement annuel qui enrichit l’agenda du Salon de Genève et permet de découvrir la richesse et l’originalité d’une région à travers sa littérature.