Reprendre l’emblème de la culture littéraire libanaise dans une forme simple et enfantine, tel est le pari de la belle équipe du dessin-animé Le Prophète, qui reprend l’oeuvre du même nom de Khalil Gibran.
Le choix du style animé semble s’inscrire dans une optique fidèle à celle du bouquin : dire des choses essentielles de façon accessible et simple. Khalil Gibran, l’homme qui a consacré sa plume à sublimer l’amour, était aussi philosophe et Le prophète révèle sa capacité à évoquer la spiritualité sans jamais être dogmatique ni moralisateur. Œuvre poétique, faite de paraboles et de métaphores, Khalil Gibran y aborde des thèmes universels avec une sagesse et une subtilité bien levantines. En tant que membre du mouvement Al Mahjar, notre exilé incarne la rencontre entre l’Orient et l’Occident, et sa littérature se trouve à mi-chemin entre christianisme et soufisme, romantisme et philosophie nietzschéenne, rejet de la tradition et affirmation de valeurs humanistes.
Vos enfants ne sont pas vos enfants. ils sont fils et filles du désir de vie en lui-même. Ils viennent par vous mais non de vous
Vous serez libres en vérité non pas lorsque vos jours seront sans un souci et vos nuits sans un désir et sans une peine, mais plutôt lorsque ces choses enserreront votre vie et que vous vous élèverez au-dessus d’elles nus et sans entraves.
Un pari audacieux et prometteur
Produit par Salma Hayek, dont le grand-père est d’origine libanaise, ce film est le résultat de la collaboration de neuf réalisateurs venus du monde entier, dont Roger Allers, une valeur sûre à qui on doit Le roi lion et Aladin. Dans le dessin-animé, la prose de Gibran est intégrée dans des scènes distinctes du speech principal (qui met en scène les relations familiales) et est interprétée par un poète ami de la famille. De Hollywood à Paris, ce film fera découvrir au grand public, enfants comme adultes, un incontournable de la culture arabe : un grand défi que d’adapter à l’écran une œuvre écrite mondialement connue et lue par plus de 120 millions de personnes.
A travers Le prophète, Gibran fait voyager le Liban et sème les graines du pays du cèdre dans le cœur de ses lecteurs, qui seront ravis de le redécouvrir à travers ce film. Bref, un son de cloche positif et nécessaire nous parvient du Levant et traversera nos écrans en automne prochain.