L’Amour des hommes : ensorcèlement sensuel tunisien

Rabah (Karim Ait M’Hand) - L'Amour des hommes

L’Amour des hommes, dernier film de Mehdi Ben Attia, sort en France mercredi prochain, 28 février. Le personnage central joué par Hafsia Herzi, Amel jeune photographe, va nous embarquer tranquillement dans la construction d’un nouveau – et surprenant – projet professionnel.

Séduire, jouer, danser… vivre

Lorsque le film débute, Amel vient de perdre son mari et elle ne semble pas plus désespérée que ça. Ils étaient tous les deux logés dans l’appartement bourgeois des parents de son conjoint. A son décès, la question se pose donc de rester ou partir. Le beau-père de la jeune photographe est clair là-dessus : non seulement elle peut rester, mais il l’y encourage et souhaite même l’aider professionnellement.

Voilà Amel prête à continuer à vivre. Car rien ne peut vraiment perturber son chemin. En femme libre – ou plutôt, et c’est encore plus fort, parce que son objectif est de l’être – elle ne laisse rien ni personne entraver ses désirs, qu’ils soient charnels ou plus profonds. C’est au cœur de Tunis, que Mehdi Ben Attia filme comme un personnage à part entière, qu’elle va prendre son temps pour chercher, choisir, dévisager et enfin dénuder de jeunes hommes dont elle photographiera la sensualité et la pudeur.

Rabah (Karim Ait M’Hand) et Amel (Hafsia Herzi) – L’Amour des hommes

C’est bien le regard d’Amel que nous suivons et donc l’œil et le désir féminin sur des corps d’hommes. Sentiment qu’elle ne cache pas et dont elle joue même, tout en gardant la main et la maîtrise de la situation. On est un peu déstabilisés, il faut l’avouer, tant on a l’habitude du contraire : suivre les envies et ardeurs de l’homme conquérant.

Amel séduit, se construit, se fait parfois peur, mais assume tout, et continue à avancer, pour elle. Car certains des hommes qui gravitent autour de la jeune femme s’égratigneront – voir plus – sur le roc de sa volonté libérée.

Intimité et sensualité

Si la photographe est dépeinte dans une quête de liberté qui réjouit, les hommes ne sont pas pour autant – et heureusement – cantonnés dans des rôles binaires de brutes machos ou écrasés par sa force. Ils sont montrés tout en finesse, notamment à travers les portraits qu’en fait Amel.

Amel (Hafsia) Herzi dans l’Amour des hommes

Le réalisateur filme ces séquences de shooting longuement, et le temps semble s’étirer tant les tensions des corps et des regards sont présents à chaque instant. On est comme happés, presque ensorcelés, par ces scènes intimes nous laissant attraper et savourer des moments riches, d’émotions mêlées, qui trahissent l’assurance feinte du choix de se dévoiler devant un regard inconnu.

Les hommes existent bel et bien donc dans l’Amour des hommes, au-delà d’être les objets de l’affection photographique d’Amel. Et c’est là toute l’intelligence de Mehdi Ben Attia qui ne se complait pas dans la provocation.

Une vision rare et rafraichissante des rapports hommes femmes, en nuances et audaces, portée par des personnages complexes. Un vent de liberté puissant et régénérant qui traverse l’esprit et la chair.

 

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