L’Blend, un nom hybride à l’image d’une association située au carrefour de l’art, de la technologie, et de l’entrepreneuriat. Une métaphore aussi. Celle des fusions et des rencontres d’idées, indispensables à tout processus créatif. Parce-que le dialogue est la seule porte d’entrée vers la renaissance, celle d’une jeunesse marocaine en proie à une conjoncture économique morose, deux jeunes entrepreneurs ont décidé de bousculer le statut quo en créant un laboratoire d’idées destiné à créer du lien entre les jeunes de leur ville natale de Tiznit, au sud d’Agadir.
Une plateforme d’échanges pour lutter contre le chômage des jeunes
Sur une population totale de 35 millions, le Maroc comptabilise un taux de chômage de plus de 10%. Des chiffres qui grimpent jusqu’à 26,5 % chez les jeunes.
C’est afin de contrer ce fléau qu’Aimane Idhajii, 22 ans, et Youness, Idihoum, 20 ans, décident de lancer L’Blend en 2017: une association à but non lucratif, dont l’objectif est de favoriser les échanges entre les jeunes artistes de leur ville, afin de faire émerger de nouvelles idées.
Selon ses fondateurs, le développement d’activités culturelles est le vecteur majeur de changement social au sein d’espaces urbains en difficulté. Un potentiel d’espoir qu’ils expliquent dans la note de leur projet
la culture a souvent été un outil utilisé par les gouvernements pour changer la situation d’un lieu et sa réputation. Medellin, la ville natale de Pablo Escobar en est un exemple. Pendant des années, sa population s’est retrouvée au cœur des guerres de gangs et de la violence. Elle est aujourd’hui devenue la capitale culturelle de la Colombie grâce à la volonté de l’Etat de reconnecter les banlieues au centre de la ville et de créer des espaces publics agréables à travers l’art.
Même si Tiznit est une ville plutôt paisible, n’ayant rien de comparable avec la violence des métropoles colombiennes, les deux créateurs d’entreprise souhaitent bien instaurer l’art comme acteur positif de transformation de leur cité.
Après le lancement d’Apollo, un salon littéraire et poétique dédié aux jeunes artistes, les deux organisateurs souhaitent aujourd’hui aller plus loin en s’imposant comme un hub créatif clé de la région. C’est à l’occasion de ce salon que commence à se dessiner l’esquisse d’un espace physique dans leur esprit, comme l’explique Youness « Pendant l’organisation de l’événement, nous avons vraiment réalisé la nécessité d’ouvrir un espace permanent pour les artistes. Nous avions plein de projets en tête, mais à chaque fois que nous voulions les mettre en place, nous devions nous heurter aux problèmes de législation. »
Un espace créatif et incubateur d’idées pour la communauté
Afin de contourner l’absence de structure, Aimane et Youness imaginent donc un espace créatif ouvert à toutes les formes d’expressions artistiques. Une manière de promouvoir la diversité comme opportunité d’aller de l’avant, plutôt qu’une menace, en proposant aux habitants de Tiznit du contenu culturel de qualité.
Un projet social et communautaire appuyé par un programme culturel varié comprenant résidences d’artistes, projections de film, discussions, débats, ateliers artistiques, jam sessions, mais aussi des événements plus tournés vers les nouvelles technologies, à l’instar des hackathons ou des stages d’entrepreneuriat.
Notre idée est d’amener les gens à créer leur projet et à ne pas dépendre d’une offre inexistante
explique Youness.
L’accent est mis à la fois sur l’art, sur la technologie et l’entrepreneuriat, car il est important de repenser les modèles à l’heure des mutations technologiques du monde. Avec l’essor de la « blockchain » et de l’intelligence artificielle, des métiers qui n’existaient pas hier vont apparaître, et créer des opportunités qu’il faudra être prêt à saisir, ce que les entrepreneurs ont bien compris.
Aujourd’hui, si l’équipe est purement bénévole et se finance avec 30 contributeurs financiers qui lui permettent de mettre le pied à l’étrier, elle espère s’installer dans le temps en misant sur des partenariats avec des organisations internationales, ainsi que la mise en place d’événements et ventes privés.
Une initiative positive qui traduit la volonté de résilience de la jeunesse marocaine face à un destin qu’elle a bien l’intention d’écrire elle même, comme le dit Youness
Je suis très enthousiaste et je crois qu’il faut dire aux gens qu’ils doivent croire au futur du pays, si personne ne le fait à leur place, rien ne se passera. Nous voulons que cet espace cristallise le changement.