A partir du 5 mars, se tiendra à Dubaï l’exposition Ishara: Signes, Symboles et Langues partagées. Cette collaboration entre la plateforme créative Alserkal Avenue et le booster de talents UAE unlimited, réunira les travaux de 10 artistes émergents basés aux Emirats Arabes Unis, en addition d’oeuvres d’artistes invités.
Parmi la sélection, des artistes jeunes mais remarqués comme Farah Al Qasimi, Nasir Nasrallah, Amna Al Dabbagh, Cheb Moha, Chndy,Dina Korchid, Flounder Lee, Saba Qizilbash, Salem Al Mansoori, et Shaikha Al Ketbi. Une invitation au voyage et au langage.
Dix artistes invités à interpréter le sens du langage dans la société
En arabe, le mot Ishara désigne le signe, l’une des formes les plus primaires de la communication. Le signe comprend un vaste ensemble des marques visuelles ou sonores, à l’instar de la gestuelle ou des indications lumineuses que l’on retrouve parfois dans l’espace urbain (pancartes ou feux de circulation).
Dans certaines situations, ce symbole peut servir de lingua franca, une langue commune permettant de s’affranchir des barrières de communication entre des groupes variés. Il représente alors un moyen de communication transcendant, s’élevant au dessus des frontières du langage et des territoires.
Les langues, plus que de simples vecteurs de communication et de compréhension, sont la matière première de notre identité. Elles nous définissent en tant qu’individu et façonnent notre réalité, en influençant notre manière de percevoir le monde.
Le signe vient alors dessiner le trait d’union entre la diversité des dialectes et des interprétations. Un langage poétique qui rassemble les cultures et les ethnies, en dehors des contraintes de vocabulaire.
C’est ce concept fort qui a nourri les réflexions de Karim Sultan, curateur de l’exposition et directeur de la fondation Barjeel à Dubaï, tout au long du processus de décision du thème de l’exposition. Il revient pour nous sur la source du projet Ishara, Signes, Symboles et langues partagées.
Comment vous est venu l’idée de l’exposition Ishara, Signes, Symboles et langues partagées?
K.S: Le thème de l’exposition est le résultat de mon expérience et observation du contexte local dans les villes portuaires de Sharjah (où je vis), Dubaï et Abu Dhabi. Mais aussi de mon intérêt personnel pour le langage, comme moyen et dynamique pour se construire une identité, un outil inventif qui a nourri le concept de l’événement.
Quel est le message principal que vous avez souhaité traduire à travers l’exposition?
K.S: Je voulais voir comment les artistes développeraient une oeuvre autour du thème du langage: sa construction, son utilisation, ses défauts. Le spectateur va découvrir que la langue n’est pas neutre, mais plutôt une part active de négociation, d’interprétation d’expérience, de partage, de mémoire et aussi d’oubli.
Parmi les dix artistes exposés, sur quoi avez vous basé votre sélection? Quels critères vous ont aidé à décider?
K.S: Un des critères majeurs, au-delà du fait qu’ils soient tous basés aux Emirats Arabes Unis, c’est qu’il s’agisse d’artistes émergents, avec une diversité de parcours et de pratiques. Un résultat qu’on peut voir à travers la variété de la sélection. Nous avons aussi particulièrement recherché des artistes qui avaient une tendance ou un intérêt pour la communication, la structure de sens, et qui avaient déjà travaillé sur les signes et symboles.
Dans une ville multiculturelle comme Dubaï, quel est le rôle d’une lingua franca selon vous ? Est-ce l’anglais? L’arabe?
K.S: Les trois villes portuaires majeures de Sharjah, Dubaï et Abu Dhabi emploient une large variété de langues, qui s’expriment toutes de différentes manières. Chacune des villes est le foyer de réseaux croisés de personnes venant de partout dans le monde. Différentes variétés de langues, à commencer par l’anglais (américain, britannique, indien) et l’arabe (émirati, égyptien, syrien, libanais, etc…), s’unissent ou sont parlés en isolement (comme le Malayalam, l’Hindi, l’Urdu, Tagalog, Pashto, Farsi, etc…). Une diversité de langages que certains entendent et utilisent quotidiennement, généralement en combinaison. On peut donc toujours se débrouiller en parlant l’un ou l’autre, mais avoir une conscience de tous permet de comprendre et expérimenter la complexité et la nature de la région.