Ils sont jeunes, ont lancé leur propre marque de vêtements inspirée de la culture persane. Nous sommes partis à leur rencontre. Première de la série avec Amir Tamirzadeh, fondateur de Apadana.
Comment t’es venue l’idée de créer ta marque?
Amir – J’étais à la Sorbonne en filière économie et gestion, je venais de faire un site e-commerce de vente de vêtements pour femmes qui n’avait pas fonctionné. Du coup, j’avais envie de monter une marque de vêtements avec mes potes. Mais ils ont monté une marque de leur côté : j’ai décidé de monter ma marque seul. Je cherchais un concept, et c’est parti sur la Perse.
Pourquoi Apadana ?
Apadana c’est l’autre nom de Persepolis. Le roi Darius, c’est lui qui a créé Apadana. J’ai vécu là-bas, le palais Apadana était à 200 mètres de chez moi. Quand j’ai cherché un nom pour ma marque, je savais déjà que le concept allait être sur la Perse, avec une première collection avec des lutteurs persans. J’hésitais pour le nom : sachant que j’avais pris le sphynx de Darius comme logo, je me suis dit que c’était logique de l’appeler Apadana. Ce sphynx de Darius est présent dans la salle du trône.
La culture persane, c’était une évidence ?
Il y a beaucoup trop de marques qui s’inspirent des États-Unis, avec des t-shirts « New-York », « Brooklyn ». Je voulais un concept pour me distinguer et parler de quelque chose que je connais, la Perse. Aujourd’hui, j’essaie d’élargir à une culture orientale, et pas seulement iranienne. Si demain, je dois écrire un mot en arabe sur un t-shirt et pas en persan, je le ferai. Je ne me ferme plus à ça.
Au départ, tu pensais qu’il y avait un public pour ce type de produits ?
Je n’ai pas fait ce genre de calculs. J’ai démarré, je ne connaissais rien à la communication ou au marketing. J’ai cherché comment fabriquer des t-shirts, j’ai acheté des t-shirts vierges au départ, je suis allé les faire imprimer moi-même. Je ne savais pas vraiment quel public j’allais cibler, même si j’avais envie que ce soit des jeunes.
Aujourd’hui, Apadana, c’est aussi un collectif ?
J’aime pas trop le mot collectif, je dirais plus que c’est un label. On fait du textile certes, mais sur le site, j’ai une partie « journal » où je peux parler de culture persane. Il y a quelques années, j’avais une exposition au shop de la Gaîté Lyrique à Paris, avec un artiste qui fait des collages, un autre des graffitis et un dernier qui mélange philosophie et art. Aujourd’hui, je cherche à sortir un journal papier.
Le mot collectif est un peu péjoratif aujourd’hui. Ce n’est pas un endroit où tu viens et tu adhères au collectif. C’est moi qui l’ai créé, j’ai des gens autour qui me donnent un coup de main, mais ils collaborent, ils ne font pas partie de Apadana. Dans ma tête, le mot collectif rassemble des artistes qui font un travail commun, qui exposent. En plus, je fais presque tout : community-manager, création des t-shirts, envoi des colis…
Quels liens tu as avec la communauté iranienne en France ? Comment perçoivent-t-ils ta marque ?
D’expérience, quand les Iraniens tombent sur la marque, ils adhèrent tout de suite. Parce que c’est l’Iran, parce que ça leur parle. Pour les Iraniens de France, voir une marque d’inspiration perse, forcément ça leur plaît. Après, j’ai très peu de rapports avec la communauté iranienne en France : toute ma famille est en Iran, j’ai plus de liens avec les Iraniens d’Iran qu’avec la diaspora. Je vais rarement aux événements iraniens comme ceux organisés pendant Nowrouz, le nouvel an iranien. Certes, j’ai une double culture mais au quotidien, dans mes potes, il y a de tout.
Bizarrement, je ne traîne pas trop avec des Iraniens. Et puis j’ai toujours eu peur de tomber dans un concept de marque communautaire. J’avais envie que ce soit une marque universelle. Mon travail de communication est fait pour que l’occidental qui ne connaît pas la culture persane adhère au concept.
Quels sont tes projets pour l’avenir avec Apadana ?
Amir : La marque est un projet à long-terme. L’idée, c’est d’améliorer toujours plus la qualité des produits. Actuellement, j’essaie de lancer une boutique. Il y aussi des gens qui me demandent des conseils pour monter leurs marques, lancer leur site web, du coup je fais un peu de consulting.