Hani Abbass, portrait d’un caricaturiste qui n’a pas peur des lignes.

Le soldat et la rose

Rencontré au lendemain de la réception du prix international du dessinateur de presse 2014, Hani Abbass accepte de répondre à nos questions.

Ce jeune caricaturiste palestinien a fait de la mine son arme pour décrier la violation des droits de l’Homme et la dictature. Dessinateur officiel de la chaîne Al-Jazeera, Hani subit censure et menaces en Syrie avant de choisir l’exil pour échapper à toutes les formes de violence dont lui et sa famille ont été victimes. Arrivé en Suisse depuis octobre, Hani attend toujours son titre de réfugié et compte les jours avant de voir sa femme et son enfant de 5 ans  le rejoindre dans la capitale helvétique. On ne peut qu’espérer pour lui que sa démarche aboutisse au plus vite.

Le soldat et la rose, l’oppression face à un désir de liberté qui se transforme en rébellion. D’un tracé de crayon, d’un mouvement de gomme, Hani A. couche ses aspirations démocratiques sur une feuille blanche, sur une planche ou sur son propre corps, car peu importe le support, c’est sa révolte qui s’exprime.

Hani A. commença à dessiner très jeune. Dès 10 ans, l’enfant talentueux choisit la mine comme allié et, plus grand, il en fît son arme.

Avec le soulèvement des peuples arabes, les caricatures de Hani espéraient par leur force symbolique faire fleurir les bourgeons  d’un printemps arabe non achevé. Poignant, leur message de résistance força une admiration populaire et une reconnaissance internationale, mais valut aussi au caricaturiste plus de censure. Hani qui subissait déjà une pression énorme l’empêchant d’exercer normalement ses fonctions pour Aljazeera.net, du fuir la Syrie pour le Liban voisin d’abord avant de s’exiler en Suisse.

Loin d’avoir tourné le dos aux horreurs de la guerre et à la souffrance du peuple, son unique pensée au moment où il reçut le prix international du dessin de la presse des mains de Kofi Annan, le 3 mai dernier à Genève, allait vers ses proches.

L’esprit occupé par les images de ses amis torturés et le cœur pleurant la séparation familiale, Hani Abbass ne laissera pas tomber le crayon.

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