Au coeur du quartier Geitaoui, Miran Gurunian a jeté son dévolu sur un ancien théâtre abandonné, The Araratian theatre. Longtemps abondonné, il est la propriété de l’église arménienne catholique du quartier et a pu trouver en Miran la qualité du parfait locataire. Transformé en salle de répétition et rebaptisé en « The Other Lab », sa planche est depuis foulée par Miran et ses amis qui, en répétant dans son enceinte, font à nouveau vibrer ses quatre murs.
Gurumiran, le nom de scène qui claque
Nombreuses sont les familles libanaises d’origine arménienne qui portent un nom de famille à la terminaison en « nian ». C’est le cas pour Miran, dont les premiers instituteurs avaient opter à faire l’appel par abréviation et lui avaient ainsi déjà trouvé le pseudonyme adéquat. « Guru, Guru » entendait-on de la bouche de ses camarades et amis scouts qui connaissaient déjà ses débuts, timides, mais néanmoins remarqués sur scène.
Dès son jeune âge, Miran interprète un répertoire de rock qui forgera sa culture musicale et l’amènera à jouer de la guitare. En développant une forte passion pour la musique, il s’intéresse à sa technicité et entame des études d’ingénierie du son qu’il finira par enseigner à l’Université américaine de Beyrouth.
De ses origines, Gurumiran ressuscitera des influences orientales. Dans son jeu et de sa curiosité pour les engins électroniques, il teintera ses titres en usant du synthétiseur. Gurumiran, un nom composé, qui révèle enfin l’artiste dans un projet qui lui ressemble.
Berlin-Beyrouth, le pont de l’inspiration
Le talent de Miran, son don de soi et sa passion pour la musique, l’entraîne dans de nombreux projets collaboratifs. Les sessions de répétitions et d’enregistrement s’enchaînent et deux années s’écoulent sans qu’il n’ait le temps de prendre du recul. Des circonstances particulières surviennent en ces temps assez prenants et le mènent à bout. En s’absentant alors de Beyrouth, pour une césure berlinoise, il essuie les plâtres de cette période malencontreuse en rencontrant des personnes inspirantes et en fondant dans la masse d’une métropole vivante.
Six textes naîtront au cours de ce séjour d’exaltation pendant lequel Miran fera le vide, dépassera sa récente rupture et trouvera les mots et les rythmes nécessaires pour Aberrance. Premier album personnel, il y rend hommage à la mémoire de son amie musicienne, Imane Homsy. Cette vertueuse du Qanoon avec qui il avait pu collaborer auparavant avait quitté le monde après une longue bataille contre la maladie.
Après ce repos fructueux du guerrier, Miran retourne à son port d’attache: Beyrouth, et présente au public un projet qui défie toutes les étiquettes musicales fabriquées. Aberrance, dont la sortie en format de vinyl est prévue pour le 29 janvier, est une rencontre sensationnelle entre le timbre rauque de la voix de Miran et ses pensées couchées sur une ingéniosité instrumentale.
Cette nouvelle page que tourne Miran ne le détache pas de ses anciennes habitudes. Après avoir joué, pendant une dizaine d’années (2002-2012), auprès de la délicieuse Tania Saleh, il s’apprête, parallèlement à son développement musical personnel, à lancer en mars 2016, une campagne de financement participatif pour la sortie d’un nouvel album du groupe Pindoll.
En effet, Miran fait partie de ce quatuor de rock alternative, constitué en 2010, et qui a notamment beaucoup fait parler de lui en assurant la première partie des Red Hot Chili Peppers lors de leur concert à Beyrouth en septembre 2012.