Gudran, plan de sauvetage de Wekalat Behna

Gudran, association pour l’art et le développement n’est plus à présenter à Alexandrie. Durant 15 années de travail sur le terrain, Gudran a pu organiser des performances de rues, des ateliers et des expositions qui ont changé le paysage culturel actuel alexandrin.

Après El-Max, un projet d’intervention et de transformation du village des pécheurs délaissé d’Alexandrie, les opérations de réaménagement d’espaces de la ville en lieux vivants de la culture se sont poursuivies. El-Dokan et El-Cabina sont ainsi un exemple d’espaces qui ont réussi le pari de se réapproprier des lieux fermés de la ville pour les ouvrir à un large public friand de manifestations culturelles et d’une approche plus positive de son quotidien.

Wekalat Behna © Mehdi Drissi

Wekalat Behna © Mehdi Drissi

Wekalat Behna, historique

Briser le gap entre les générations et renforcer les liens tripartites entre l’artiste et sa société en passant par un espace commun, public est donc la vocation de Gudran qui a pu trouvé quelques anges-gardiens à son écoute. C’est le cas de Basil Behna, qui après avoir découvert le travail de l’association a accepté de mettre à sa disposition les locaux d’une des premières sociétés de production et de distribution égyptienne ; Wekalat Behna.

Après la longue période de nationalisation égyptienne qui a commencé après la révolution de 1925, une longue querelle administrative a opposé Basil aux pouvoirs juridictionnels et a entrainé la fermeture et la détérioration de l’espace pendant plus de 35 ans.

Anciennes affiches de films © Mehdi Drissi

Anciennes affiches de films © Mehdi Drissi

« Mais, j’ai gagné », répond fièrement Basil qui était ravi de pouvoir récupérer ce lieu historique et des archives liés à sa gestion, aux films produits et à sa famille.

Tout a commencé quand un de ses oncles, Rachid Behna, un alexandrin qui a fait sa fortune grâce au commerce de la soie et du tabac pour narguilé interpella ses frères pour entamer l’importation des films internationaux à la fin des années 20. Les prémices de l’émergence d’un cinéma, qui deviendra influent, se font sentir et la fratrie se lance dans la production de courts-métrages. Wekalat Behna orchestrera les premiers passages au son et à la couleur dans les films égyptiens. Elle produira en 1932, la première comédie musicale égyptienne «  La chanson du cœur » et verra son catalogue de films distribués croitre pour comprendre près de 600 titres.

© Mehdi Drissi

© Mehdi Drissi

Gudran, la relève

Wekalat Behna, c’est aussi des documents iconographiques, des feuilles de budget originels et des pellicules de films d’archives. C’est aussi 600 m2 d’espace que Gudran a pris à bras le corps pour donner une nouvelle vie à ce lieu mythique d’Alexandrie.

Quand Mamoon Azmy, réalisateur et scénariste rejoint Gudran pour travailler sur le projet de Wekalat Bahna, il partage tout de suite la même vision de Basil et de l’association pour proposer au plus grand nombre une offre audiovisuelle complète. Outre les projections qu’il programme, Mamoon met aussi en place des ateliers de formation et organise, avec l’aide des autres membres de Gudran de nombreuses expositions tout au long de l’année.

© Mehdi Drissi

© Mehdi Drissi

Cet immeuble du quartier populaire de Manshiya où Wakalat Behna compte ses bureaux se trouve à quelques mètres de l’ancien Hammam Schneider. Lieu où se produit en 1896, la première projection des frères lumières en Egypte. Ainsi, en gérant aujourd’hui le département Cinéma et Art visuel de Gudran, Mamoon fait renaitre de ces cendres, le rapport ancestral des Alexandrins au fait social auquel invite le 7ème art.