Episode #3 Marion Novet : J’écris pour Onorient car …

J’écris pour Onorient car j’aime faire vibrer une corde humaine et engagée avec une équipe de personnes hétérogènes qui ont cette vocation de construire des ponts du Nord au Sud et du Sud au Nord.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai été grande lectrice de romans, de poésie. Mon existence s’est métamorphosée quand j’ai compris que je pouvais également m’exprimer par la danse, l’expression corporelle et la musique. Au travers des expériences de vie, des rencontres d’artistes et danseurs en Afrique du Nord,  j’ai pu apprendre à ressentir et à analyser  les dynamiques, les enjeux culturels et la richesse de cette région qu’on ne peut uniformiser. Depuis, cela m’a donné envie de prendre part à une démarche de transmission, pour inspirer d’autres lecteurs et dépasser un regard passéiste, souvent religio-centré qu’une certaine « culture arabe » évoque parfois en Suisse, là où je vis.

C’est avec volonté de diffusion d’œuvres que j’ai commencé à écrire, de celles qui rendent aux hommes ce qui leur appartiennent, c’est à dire un imaginaire commun et libre et non des murs dans lesquels on essaie de les enfermer, sous forme de barrières physiques mais aussi de perceptions mentales et stéréotypées. Ces murs contre lesquels tant se lèvent et résistent de par le monde. Je partage les mots de l’acteur Saleh Bakri qui parle ainsi de la Palestine :

Toute résistance meurt si elle n’est pas aussi culturelle. Elle meurt sans la musique et sans le cinéma. (…) On ne peut pas sensibiliser les gens uniquement avec des armes. La résistance est plus vivante et fraternelle quand on la partage en poésie.

Dans ce temps de globalisation, où les cultures sont poussées à s’appréhender depuis une sorte d’irréductibilité les unes par rapport aux autres, l’art construit aussi pour moi un horizon de possibilités pour rencontrer l’Autre. Cette rencontre se donnant comme exigence de comprendre l’Autre comme sujet compris dans une relation de sens. Chorégraphes, écrivain.e.s, cinéastes, photographes sont à l’avant-garde de ce champ des possibles sans cesse renouvelé et passionnant.  Dans mes échanges, il arrive aussi parfois que l’artiste interviewé me questionne, en évoquant des souvenirs ou un contexte particulier. Dans ces moments, ma place et celle de l’interviewé se retourne. La place de chacun étant toujours plus mouvante qu’il n’y paraît et jamais figée.

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