ONORIENTUNES #19 : Éloge de la résistance

Qu’est-ce que la résistance ? D’ordinaire, on pense à des individus encagoulés, bravant leurs modestes armes face à l’oppresseur. Il y a du vrai dans cette image, mais elle n’est pas fidèle à une réalité plus complexe.

L’oppresseur ne tire pas seulement sa force du nombre de soldats en sa possession, ou des variétés – à la manière d’une préparation destinée à l’oppressé – de missiles et de bombes à sa disposition. Sa force naît de sa capacité à produire un discours. Discours porté par les médias, véritables avions de chasse nous bombardant d’information, faisant de l’ombre à la pureté du soleil. Discours transmis aussi par ses intellectuels et autres chantres, véritables balles transperçant toute velléité de critique ou de simple négociation. Discours, enfin, nourri par notre ignorance et notre aveuglement ; de véritables gibiers ne cessant de faire engrosser cette dinde monstrueuse qu’est l’oppresseur.

Pour résister, il faut dresser ses propres mots, combattre avec cette arme qu’est la culture. La culture est l’arme par excellence, du fait de ses vertus polymorphiques. A la manière de l’oppresseur aux milles visages et aux milles têtes, on se doit d’avoir en mains une palette inusable de faucheuses à notre disposition. A la seule différence que nos faucheuses ne tuent que les esprits aphasiques  pour mieux les éveiller de leur torpeur. Et c’est ici que nous arrivons au cœur de notre sujet : la résistance comme outil de prise de conscience. Il ne faut pas seulement s’abreuver de culture pour ouvrir ses yeux, mais aussi encourager, produire, diffuser la culture.

Et c’est ce qui m’a amené à proposer cette playlist regroupant divers styles (musique arabo-andalouse, musique arabe classique, jazz), mais ayant tous en arrière-fond l’oud comme instrument central. Bien qu’abordant des thèmes divers (l’amour divin et terrestre, combattre la dictature, le désespoir, la mémoire), une thématique unique les traverse ensemble : celle de la résistance. Cette playlist se propose, au final, d’être une invitation en musique de combattre nos démons – qu’ils soient en nous ou en dehors – en ascèse. Des notes valent mieux parfois que de grands discours.

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