Il y a de ces musiques qui sonnent justes et qui se frayent une brèche au fond de notre âme pour résonner divinement. Les compositions d’Egyptian Project sont de celles-ci.
… Celles qui n’ont besoin d’aucun interprète pour entamer une valse avec nos émotions. Rythmes, chants et prestance scénique, tout converge pour faire de la performance du groupe un moment de pur envoûtement.
La rencontre
Lorsque nous re-découvrions le groupe Egyptian Project, au Théâtre Jean-Claude Carrière, à l’occasion de la dernière édition du festival Arabesques à Montpellier, nous nous sommes sentis transportés à nouveau au cœur battant du Caire. Les voix et les battements des percussions s’étaient alliés pour souffler, dans la salle, la chaleur humaine et la générosité incommensurable de la haute Egypte.
Après de multiples voyages et de longues périodes d’immersion, Jérôme Ettinger, jeune nantais, réussit à documenter et archiver ses découvertes sonores du pays des Pharaons. Les pérégrinations qu’il entreprend lui permettent de rencontrer des talents rares. Des musiciens, d’une autre génération, à qui les nombreuses nuits et le delta du Nil ont porté bon don. L’idée alors de monter une formation commence à germer dans son esprit. Et, très vite, il se fait entourer d’un grand cru de maîtres d’instruments traditionnels. Ensemble, ils réussissent à transposer des morceaux électroniques et à créer une toute nouvelle dynamique musicale. Une musique my(s)tique ainsi fut.
Sur scène
La musique s’élève, s’enchaine et entraine. Une ronde s’active, l’enchainement des rythmes et l’élévation de la voix envoûtent. Les cinq musiciens sur scène invitent à une douce transe. Le temps se fige et une harmonie religieuse règne dans la salle. Nos fantômes apaisés flottent et se tiennent les mains pour célébrer cette symbiose.
Vers la fin du concert, Jérôme et Anthony Bondu (à la batterie) se retirent laissant les devants de la planche à leurs ainés. Les maîtres s’avancent à tour de rôle. Il y avait Ragab Sadek et sa Derbouka, Salama Metwally et son rababa puis l’enchainement d’une aria (une interprétation vocale en solo) surprenante par Sayed Emam. La thématique soufie, l’intensité du chant et la rencontre précieuse de quelques instruments que nous rencontrons que très rarement sur nos scènes (tel que l’argûl (flûte), ou le Daff (percussions)) confèrent au spectacle une force touchante. Nous ne nous en lassons pas.
Heureusement, quand le glas du jeu sonne, nous pouvons toujours nous rabattre sur l’album : Ya Amar, Soufi, Menen Aguibak, ou encore Ya sahbi… Les chansons s’enchainent et continuent à nous faire frémir.
Action culturelle
Quand ils ne sont pas en tournée, les membres d’Egyptian Project organisent des ateliers de musique et des séances d’initiation à la culture égyptienne. Sous l’égide de Togezer Productions, l’agence support de la formation, le groupe peut aussi transmettre ses différentes expériences à travers l’organisation d’expositions dédiées à l’histoire de leur musique traditionnelle ou encore en prenant part à des documentaires audiovisuels. Cet engagement pour l’action éducative et la foi en l’échange inter-culturel que Jérôme cultive, il les défend passionnément via plusieurs créations. Ainsi, Les musiciens du Caire ou encore Nessma sont chacune une invitation à rejoindre un univers musical intimiste et enivrant.