A travers la découverte des rapports de genre, et donc des catégorisations de l’inférieur et du supérieur, ne découvrons-nous pas la racine commune du racisme et des discriminations ?
C’est la question posée par le collectif Manifeste Rien, qui revient sur les planches de la Bellevilloise, avec une nouvelle création franco-algérienne.
Après Les trois exils d’Algérie – adaptée du livre de Benjamin Stora –, le metteur en scène Jeremy Beschon présentera dimanche 22 janvier La domination masculine, tirée de l’œuvre de Pierre Bourdieu et des textes de Tassadit Yacine. L’anthropologue, spécialiste du monde berbère et des rapports de domination et également directrice d’études à l’EHESS à Paris, sera présente pour un débat à la suite de la représentation.
La pièce s’ouvre sur un mythe Kabyle. La rencontre mythique, à la fontaine, du premier homme avec la première femme. La fontaine (ou tala), est réservée aux femmes, par opposition à la tajmaat, place publique, réservée aux hommes.
Cette histoire va servir de point de départ pour exposer des exemples contemporains, de la société européenne notamment. Différentes sortes de rapports sont abordées comme l’employée et le patron, ou encore les relations mère-fils.
La domination masculine n’existe pas.
Cette phrase, Jeremy Beschon l’entend pourtant régulièrement lorsqu’il présente la pièce pour être jouée. Avec un “argument qui revient systématiquement” : “c’est ma mère qui dirige(ait) dans la famille”. Pour lui, cela “confirme les thèses de Bourdieu et Yacine. C’est l’homme qui domine dans l’espace public et la femme qui a sa place dans l’espace privé. Ce n’est pas parce qu’elle s’occupe des comptes à la maison, en privé, qu’elle n’est pas dominée”.
Au texte du sociologue français s’ajoutent des témoignages des deux rives de la méditerranée, analysés par l’anthropologue algérienne ainsi que des mythes et poésies populaires berbères. Le metteur en scène insiste sur un traitement à la fois poétique et comique qui facilite la perception de concepts parfois difficiles à appréhender. La pièce est ainsi jouée régulièrement devant des lycéens.
“J’ai pris une réelle claque quand j’ai lu le livre, je pensais ne pas être machiste. (…) Finalement, je suis pire. Au moins dans la génération de mes grands parents la domination était claire. C’est pour ça que j’ai voulu mettre cette pièce en scène. Je me suis dit, cette claque-là, il faut que tout le monde se la prenne”.