La musique de DenDana fait du bien à la scène parisienne. Alternative, world, fusion, ou reggae ? On n’enferme pas comme cela un tel univers musical dans une catégorie, quand il appelle justement au dépassement : des genres et des frontières géographiques. Nous sommes allés à la rencontre de l’homme qui incarne DenDana.
Liberté et ouverture au centre du projet musical
Originaire de Tlemcen en Algérie, Nassim Dendane a fondé le projet DenDana et nous offre une musique, fusion de plusieurs influences : celle du jazz, de la musique classique et de la musique traditionnelle gnaoua*, le tout se mêlant à la musique arabo-andalouse ou au reggae.
Révélation masculine algérienne en 2011, ce jeune musicien est pourvu d’une souplesse déconcertante et une maîtrise de la voix impeccable. Sorti en 2013, son premier album, « DenDana Project » en témoigne : l’artiste y propose, à la fois des interprétations de classique, notamment gnawi et des compositions personnelles (dont plusieurs morceaux instrumentaux). Cet album prometteur a choisi de mêler l’arabe et le français – » un choix entre des langues qui vient instinctivement lors de l’écriture », nous confie Nassim- pour des textes qui parlent de vie et d’amour perdu avec simplicité et élégance.
La musique est un acte social
Il ne faudrait pas oublier « peuples sans voix », un morceau qui témoigne d’un regard plus politique sur la société, notamment algérienne. Peut-on dire que Nassim Dendane est un artiste engagé ? À cette question, notre poète répond qu’il est « engagé, comme chacun à sa manière à l’échelle d’une société ». Cette vision s’inscrit dans un rapport étroit entre le public et l’artiste ; à l’écouter, « la musique est un acte social ».
Dans ces instants d’échanges fondés sur l’authenticité, on peut reconnaître la générosité de notre chanteur : « L’essentiel se trouve dans la sincérité de l’artiste ».
On l’aura compris, il n’y a pas de triche possible, et grâce à cela, avance Nassim Dendane : « la musique permet aux gens de se projeter dans un passé et dans une histoire ».
Doux processus cathartique que cette expérience artistique, tournée vers l’autre : « La musique permet aux gens de se voir eux-mêmes dans le regard de l’autre ».
Une approche riche de la musique
La recherche, la pratique, le travail : voilà les maîtres mots de l’artiste. Son exigence du texte, par exemple, trouve sa source dans son expérience théâtrale ; et le musicien d’aujourd’hui qui n’a pas fait taire le comédien d’hier, nous avouera que : « le théâtre lui a permis d’accorder à chaque mot son importance ».
La musique permet aux gens de se voir eux-mêmes dans le regard de l’autre
On peut le voir, certains jours, de l’autre côté de la scène : Nassim Dendane est aussi programmateur musical au Royal-Est, ce café-restaurant situé dans le 10ème arrondissement de Paris. Ses choix disent une programmation riche et pointue, quand il fait venir ces incontournables de la scène musicale algérienne que sont Ghouli Ahmed Djamil ou Cheikh Sidi Bémol. On peut aussi y mesurer sa curiosité, quand il invite des formations plus expérimentales, celle du groupe parisien SE7, par exemple. Autant musicien que mélomane, Nassim place l’écoute au cœur de son expérience artistique.
Après une campagne de crowdfunding bien menée, le jeune homme prépare un hommage au duo guitare-voix dans un nouvel album qu’il voit comme « une rencontre entre Maghreb et Occident sur les thématiques de la musique et de la religion ».
Riche de ses origines turque et andalouse, porté par sa jeunesse algérienne, Nassim Dendane, connaît la diversité, les carrefours ; il sait développer des espaces artistiques où la rencontre et le mélange d’autres cultures sont possibles : » L’essentiel est d’accepter l’autre qui ne croit pas » , voilà une sagesse qui fait la force de celui qui voit loin et bien.
Ecoutons cet artiste qui pense » l’homme dans une continuité qui dépasse la couleur de peau, la religion ou l’emplacement géographique ». Un credo fort, porteur de fraîcheur en ces temps…
Vous pouvez retrouver Nassim Dendane en concert le mercredi 9 Septembre 2015 en ouverture du Warm Up Show Festival à L’Alimentation Générale, à Paris, et le vendredi 18 septembre 2015 au Théâtre De La Parole Errante, à Montreuil, à l’issue de la représentation de Boucherie de l’espérance de Kateb Yacine.
Pour écouter : « DenDana Project »
*Rythmes et formes musicaux importés au Maghreb par les descendants d’esclaves sub-sahariens