Darb 1718, le quartier des arts du vieux Caire

Au milieu d’un quartier populaire du vieux Caire, non loin des trésors archéologiques que sont la mosquée d’Amr Ibn el ‘Aas, le musée copte et la forteresse de Babylone, se niche une ruelle où les artisans côtoient les artistes. En s’y engouffrant quelque peu, les caractères ‘Darb 1718’ se détachent peu à peu sur un mur blanc. Darb, signifie quartier en arabe, une évocation qui prend tout son sens lorsque nous visitons le lieu.

C’est la responsable marketing , Reem Hatem nous accueille dans cet espace mythique dont à peu près tout le monde nous a parlé au Caire.

Darb 1718

© Mehdi Drissi

Aux origines du Darb 1718

Fondé par Moetaz Nasr, artiste visuel égyptien à la renommée internationale, Darb 1718 est une plateforme d’exposition d’accompagnement des artistes  en début de carrière.

Initialement construite autour des arts visuels, cœur de métier de Moataz, l’espace s’est peu à peu ouvert aux autres disciplines et accueille actuellement des évènements musicaux, cinématographiques et des arts de la scène.

« Notre positionnement est plus axé sur les arts contemporains en général que sur une discipline particulière »

Ouvert au public en 2008, l’espace de Darb 1718 convertit l’atelier de l’artiste fondateur en un espace multidisciplinaire avec deux espaces d’exposition, un théâtre, une scène de danse et de concerts, une salle de projection de films indépendants, des jardins, un toit exploitable pour des représentations scéniques et une résidence d’artistes.

Né en décembre, l’espace fête annuellement son anniversaire avec un ensemble d’évènements organisés par la fine équipe du Darb, quatre personnes pleines d’énergie et de motivation pour le faire vivre et exister.

© Mehdi Drissi

© Mehdi Drissi

La philosophie Darboise

Si Darb s’est installé dans ce lieu délaissé du vieux Caire, ce n’est pas un hasard. En effet, la ruelle 17 18 ambitionne de faire se rencontrer des publics variés, passionnés d’arts ou amateurs, jeunes ou plus âgés. Les programmateurs œuvrent en effet pour proposer des activités en interaction avec le voisinage en invitant les habitants du quartier à participer à la vie culturelle du lieu, mais leur démarche ne s’arrête pas la.

« Tout en gardant en vue la noble idée de la démocratisation de l’art, nous n’oublions pas que les personnes qui habitent les quartiers environnants ont aussi des besoins plus basiques comme l’électricité ou les instruments pour faire le ménage », déclare Reem.

Un des chevaux de bataille de Darb est en effet le recyclage et la réutilisation, qu’ils consacrent à l’occasion de leur évènement Tragic Trash.

Pour DArb, il y a aussi un vrai défi à intéresser les enfants à la culture dès leur plus jeune âge, au moment où ils se construisent et intériorisent le savoir.  L’espace organise donc des ateliers d’éveil artistique, mais aussi des randonnées touristiques dans le voisinage, profitant ainsi du complexe religieux voisin pour diffuser un message de paix et de tolérance.

Une de leurs récentes collaborations qui croise civisme et art s’est faite avec un skateboardeur allemand, qui enseigne la manière de relier civisme et pratique du skate board, dans la joie et la bonne humeur.

© Mehdi Drissi

© Mehdi Drissi

Darb et ses activités

Darb propose un large panel d’activités artistiques et de workshops allant de l’écriture à la poterie.En plus des évènements ponctuels pour lesquels Darb prête aussi régulièrement son espace avec des critères exigeants en termes de contemporéanité et d’interaction avec le lieu et son voisinage – le lieu culturel s’anime régulièrement à l’occasion de festivals annuels ou bi annuels.

Darb 1718 présente un agenda touffu pendant Ramadan, mais aussi à l’occasion de l’Artbeat festival, Mawaweel ou Demena. Aussi, chaque année, Darb 1718 célèbre le jour international de la paix avec le Peace one day festival.

Enfin, l’espace est interconnecté aux lieux qui font battre la culture cairote et organise des évènements en coopération avec l’institut français, le cinéma Zawya, le Cairo Jazz club et de nombreux autres espaces.

Malgré ce programme de réjouissances éclectique, Reem nous confie vouloir faire plus encore pour connecter les espaces entre eux et catalyser les énergies créatives de cette ville de presque vingt-millions d’habitants :” en ouvrant cet espace au public, on s’est très vite rendu compte que le talent et les initiatives foisonnaient, mais qu’on ne pourrait pas toutes les accueillir dans un seul espace. En Égypte, il y a malheureusement beaucoup plus de création que d’espaces qui la reçoivent et l’exposent et cela peut engendrer beaucoup de frustration de la part des jeunes ».

Aujourd’hui, Darb cherche également de plus en plus à renforcer les liens avec les autres pays de la zone MENA, en consacrant par exemple ce mois de novembre pour réfléchir à  l’état des lieux de la culture en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, autour d’une série d’événements intitulée 110 artistes, regroupant des interventions des artistes et acteurs culturels de la région.

Reem nous confie aussi que Darb fait partir d’un réseau incluant 23 organisations  mondiales qui oeuvrent dans la culture et aimerait se consacrer davantage au volet de la mise en réseau de son établissement et de la lutte contre la centralisation en Égypte.