Dar Abdellatif, la Villa Médicis algéroise

C’est au sommet de la rue Omar Kechkar, dans le quartier du bois des Arcades d’Alger, que siège les bureaux de l’AARC (Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel). Récemment restauré, le vaste site témoigne du faste d’un passé majestueux. Dar Abdellatif a fait peau neuve pour abriter des expositions et accueillir des ateliers.

Un lieu chargé d’histoire

Depuis maintenant 300 ans, la villa bourgeonnante du bois des Arcades voit se succéder dans ses jardins des passants du monde entier. Ses clefs ont été transmises des mains des dignitaires de la régence d’Alger pour arriver à la paume du sieur Abdellatif en 1795.

Véritable bijou patrimonial, cette demeure témoigne du caractère atypique de l’architecture algérienne. Leg de la période Ottomane, le palais construit selon un plan carré hérite de plusieurs espaces qui donnent sur des cours intérieures verdoyantes. Un long couloir nous accueille dès l’entrée de ce bâtiment pittoresque et nous escorte jusqu’à ses entrailles labyrinthiques.

Érigé en phase d’urbanisation de la ville, cet édifice est aussi témoin d’une architecture d’inspiration mauresque conçue dans le respect du culte musulman. Des coupoles se dressent sur la terrasse en s’appuyant sur de solides piliers. Pour parvenir à la toiture, il faut baisser sa tête et escalader la succession d’escaliers étroits qui se présentent. Et une fois au sommet, une magnifique vue sur la mer berce les yeux.

Dar Abdellatif © Mehdi Drissi

Dar Abdellatif © Mehdi Drissi

Villa des artistes

Au Début du 20ème siècle, les autorités françaises jouissent de l’usufruit du logis et le dédie à la réception des étudiants en art. A l’instar des établissements culturels mythiques tels que la villa Médicis ou la Casa de Vélasquez, Dar Abdellatif rejoint le cénacle des prestigieuses résidences. Plusieurs grands noms sont passés par là : Paul Jouve ou encore Karl Marx ont précédé l’afflu des orientalistes.

Après un long abandon destructeur, la Villa renait enfin de ses cendres et regagne sa vocation de résidence artistique multidisciplinaire. Ecrivains, danseurs, comédiens, artistes plasticiens ou encore musiciens sont accueillis dans ce cadre inspirant.

Pour la coopération culturelle

L’AARC (Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel) siège depuis sa rénovation en 2008 à la Villa et y poursuit ses activités régulières de production, promotion et diffusion culturelles. Organe affilié au Ministère de la Culture, sa mission principale est de faire rayonner la culture algérienne et l’inscrire dans le dialogue et l’échange avec le reste du monde.

Pour cette fin d’année, Myriam Aitelhara, responsable du département des arts visuels, nous dévoile en exclusivité une partie de la prochaine programmation. En décembre, le public algérien pourra découvrir une création musicale entre le célèbre fils du pays Amazigh Kateb et des musiciens cubains, et visiter une exposition mettant en parallèle la sensibilité esthétique d’artistes de ces deux pays dont l’histoire confère tout son sens à des mots comme colonialisme et révolution.

Dar Abdellatif © Mehdi Drissi

Dar Abdellatif © Mehdi Drissi

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