Tantôt adulé, tantôt méprisé, l’Orient a toujours revêtu le statut mystique d’altérité radicale. Tout un courant artistique et littéraire, né d’une représentation complexe et singulière, l’orientalisme a participé à répandre une image ambiguë et fantasmée de l’Orient qui perdure encore aujourd’hui sous de nouveaux traits.
Au XIXème siècle notamment, l’orientalisme en tant que perception d’un Orient fantasmé explose. En témoignent les nombreuses productions d’art sur le sujet, de Delacroix à Debussy. Qu’il soit conscient ou inconscient, cet imaginaire contribuera, selon Edward Saïd, à justifier le colonialisme qui débute avec, en toile de fond, cette altérité rêvée dont on voudrait, enfin, prendre le pouvoir.
Les artistes dits orientaux s’emparent eux aussi de ce sujet pour le détourner, de manière subversive et cynique voire ouvertement orientaliste. On passe ainsi du regard d’un Orient fantasmé à un Orient approprié et non plus exotique.
Qu’est ce que l’orientalisme? Comment ce courant s’est-il construit et en quoi consiste l’image qu’il donne de l’Orient? Comment l’Orient se perçoit-il de manière endogène? Quelles sont les incarnations actuelles de l’orientalisme dans la culture artistique?
Cette conférence sera la première d’un cycle consacré à l’orientalisme et à ses multiples incarnations.
INTERVENANTS
HENRY LAURENS, historien français, professeur au Collège de France depuis 2004 où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe, auteur d’ouvrages de référence sur le monde arabo-musulman. Agrégé d’histoire et diplômé d’arabe littéraire à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), il est aussi docteur d’État.
SONIA DAYAN HERZBRUN, philosophe et sociologue, professeure émérite à l’Université Paris Diderot-Paris 7 et spécialiste de la philosophie orientaliste. Elle a reçu en 2016 le Prix Frantz Fanon.
KARIM EMILE BITAR est directeur de recherche à l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des Etats-Unis. Il est professeur associé à la Faculté de Droit et de Sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ, Liban).