Du Delta à la Nubie en passant par le Sinaï mais aussi l’Allemagne, les Pays-Bas et le Soudan, du 9 au 11 novembre, neuf groupes de musique venus d’Egypte et d’ailleurs étaient au centre-ville du Caire pour la troisième édition du Festival international de musique folklorique Wanas.
Pour cette édition, ce festival —unique en Egypte— a proposé trois soirées de concerts de qualité ponctuées de nombreux moments peu ordinaires. Un trompettiste jouant sur des percussions traditionnelles nubiennes, des bédouins qui se déhanchent sur des rythmes médiévaux venus tout droit de la région de Frise au nord des Pays-Bas et bien d’autres instants uniques, le tout porté par un public très enthousiaste.
Un nouveau souffle pour la musique folklorique en Egypte
À l’origine de ce festival, Ibrahim Zakaria qui a fondé en 2000 le centre Mastaba avec pour objectif de revitaliser le patrimoine musical du pays. En plus d’un travail de conservation et de documentation, le centre cherche à réintroduire la musique folklorique dans ses communautés d’origine, dévoilant ainsi la richesse et le pluralisme d’un patrimoine musical parfois marginalisé.
Le centre a de nombreuses activités parmi lesquelles l’organisation de concerts hebdomadaires ou encore la gestion de trois écoles créées à Port-Saïd, à Suez et à El Arish dans le but d’enseigner aux enfants le patrimoine musical de leur région et du pays. Le centre conserve également plusieurs centaines d’archives de matériel audiovisuel et produit des CD ou des films promotionnels pour plusieurs groupes avec lesquels il collabore. Le festival Wanas est le dernier projet en date du centre Mastaba et à travers celui-ci, Ibrahim Zakaria souhaite rendre accessible à un plus large public des musiques traditionnelles venues des quatre coins de l’Egypte mais aussi du reste du monde.
Une programmation éclectique de qualité
À la fin des années 1980, avant de lancer le centre Mastaba, Ibrahim Zakaria a fondé le groupe de musique El-Tanbura. Musiciens, chanteurs, pêcheurs et philosophes de Port Saïd de différentes générations sont rassemblés au sein de ce dernier pour jouer une musique mêlant morceaux folkloriques et chants de résistance de Port-Saïd, Suez et Ismaïlia datant des guerres de 1967 et 1973.
C’est justement El Tanbura qui a ouvert le festival, dans une ambiance exaltée. Le groupe nubien NubaNour a pris la suite et la soirée s’est conclue avec les Allemands du groupe Unterbiberger. Ces derniers ont réussi à surprendre le public avec quelques mots d’arabe et en proposant à la fois de la musique folklorique allemande et des morceaux issus directement du patrimoine musical égyptien.
Le lendemain, c’est de la musique du nord du Sinaï qui a lancé les festivités avec le Bedouin Jerry Can Band. Puis, la voix du chanteur Ahmed Abayazeid a résonné, accompagnée par des riffs de guitare électrique et des percussions jouant des rythmes traditionnels dans une musique que le groupe qualifie lui-même d’égypto-africaine. C’est finalement dans une ambiance très jazz que s’est terminée cette deuxième soirée, avec le chanteur Mostafa Rizk, originaire d’Assouan.
Pour la soirée de clôture du festival, le sud du Sinaï, le Soudan et les Pays-Bas étaient à l’honneur. Ainsi ces trois soirées se sont achevées avec le groupe néerlandais Kapriol’! précédé par le groupe soudanais Rango Band et Shabab El Bahr de la région de la Mer Rouge.
Autant de régions et de communautés représentées dans une programmation riche et de qualité pour un festival encore jeune mais prometteur qui fera peut-être du Caire un lieu incontournable pour la musique folklorique venue d’Egypte et d’ailleurs. C’est en tout cas ce que l’on souhaite à ce festival et rendez-vous l’année prochaine !