Après quelques légères hésitations de parcours, nous arrivons enfin devant la petite porte verte de Beit Waraq. David Habchy et Hussein Nakhal nous accueillent à l’intérieur de leur petite maison en papier (traduction française de Beit Waraq) avec des yeux pétillants et la ferveur de nous présenter leur espace.
De la fontaine de yaourt à la maison en papier
En réinvestissant une vieille maison du quartier qui portait l’appétissant nom de « la fontaine de Yaourt », l’équipe de Beit Waraq a voulu raviver les saveurs de la ville, ses motifs typiques et construire une plateforme pour accueillir et former les talents artistiques de la région.
Derrière l’association Waraq, il y a un collectif de choc d’artistes visuels : Hussein Nakhal, David Habchy, Ashley Choukeir et Joan Baz. En 2012, les quatre mousquetaires se dotent de l’espace physique de Beit Waraq et travaillent sur plusieurs fronts. Pendant deux ans (2012 – 2014), la maison opère en tant qu’espace culturel accueillant régulièrement des ateliers d’arts visuels, des événements de community building et des projections d’animations vidéo. En 2014, les joyeux lurons décident de scinder l’activité commerciale du collectif de celle de l’association en créant Kawakeb, studio d’art visuels incubé par l’association Waraq .
C’est donc aussi pour eux l’occasion de préciser la mission de leur association en l’axant davantage sur l’illustration, l’animation et le design produit. Ainsi, toutes leurs prochaines activités seront en rapport avec ces trois disciplines et auront toutes une double vocation culturelle et sociale.
Le renouveau de Beit Waraq
Fort d’un nouveau modèle qui sera officiellement lancé en février 2016, Beit Waraq prendra la forme d’un espace modulaire combinant différents sous espaces. Un atelier de travail pour fabrication de prototypes, une chambre équipée pour production d’animation, un print-making studio, un espace de travail ‘co-working‘ : tous ces espaces seront bientôt disponibles dans la pas–si–fragile maison en papier.
Quant aux ateliers de Beit Waraq, ils seront concentrés sur les trois disciplines mentionnées et axées sur le processus de création.
Les artistes qui les donneront seront des illustrateurs, animateurs et designers libanais mais aussi des artistes du monde arabe et d’Europe. En plus de tout cela, les événements de Beit Waraq permettront d’initier des conversations sur des thématiques et de tisser des liens intra et intercommunautaires.
À ces activités s’ajoutera une boutique qui fabriquera des objets de design accessibles, puisant leur inspiration dans la culture populaire.
« Notre point de départ c’est qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de juste milieu entre les made in china et les objets luxueux hors de prix. On voulait offrir quelque chose qui reflète notre culture dans toute sa diversité ».
el Beit : Populaire et ouvert
Cette identité populaire et décontractée, le collectif Beit Waraq y tient beaucoup. En effet, en plus d’être installés dans un quartier plutôt défavorisé avec lequel ils interagissent à travers divers workshops et activités ; le collectif de Beit Waraq s’inspire également de l’environnement qui les entoure pour construire leurs programmes. C’est ainsi qu’est née l’idée du « vintage Souk », faisant rencontrer les commerçants et artisans du quartier avec des designers. David et Hussein nous racontent cette expérience avec des étoiles plein les yeux. En plus d’avoir été un réel succès, l’expérience a permis de faire rencontrer des sphères professionnelles qui ne sont pas toujours amenées à se côtoyer, mais qui peuvent pourtant beaucoup s’inspirer mutuellement.
D’une manière générale, la philosophie de l’espace repose sur l’idée d’aller chercher les gens pour les ramener à l’art, au lieu d’attendre que l’inverse se produise. La maison en papier se transporte ainsi au gré du vent, pour attirer non-initiés, enfants, amateurs et sceptiques. Le jour où nous rencontrons l’équipe, nous faisons d’ailleurs la connaissance de Sarah, une petite fille qui passe tout son temps libre dans la maison et dessine des « choses étranges » comme elle aime le dire elle-même. Pour les membres fondateurs de Beit Waraq, il n’y a pas de meilleure récompense que de voir naître de telles vocations chez les jeunes qui fréquentent la maison. Ils nous confient être également heureux de l’intérêt qu’ils suscitent auprès d’un voisinage initialement méfiant.
De l’illustration à l’animation en passant par le design produit, les workshop de Beit Waraq sont divers et ouverts à toutes les populations, mais l’espace accueille aussi des projections, performances, lectures de contes et bien d’autres réjouissances.
Enfin, parce que la folie de nos quatre mousquetaires s’exporte aussi plutôt bien dans d’autres pays de la région ; Beit Waraq a déjà réalisé un workshop à Tunis, en collaboration avec l’ESSTED. Regorgeant d’énergie et de créativité, l’équipe de Beit Waraq projette de réaliser des pop-up stores itinérants et de déplier leur maisonnette en papier dans de nouveaux pays.
C’est vraiment intéressant comment j’ai trouvée votre article par jolie coïncidence sur mon favebook : )
chui étudiante en pharmacie, mais j’ai tellement de choses à partager avec les habitants de cette belle maison
ila llika2
Maya,,