C’est dans un Trianon noir de monde que l’on retrouve le oudiste tunisien Anouar Brahem en ce samedi automnal du début du mois de septembre.
Dans cette mythique salle du quartier de Pigalle à Paris, le musicien, signé sur l’exigeant label allemand ECM, est accompagné de l’Orchestre national d’Île de France, pour jouer son dernier album, Souvenance, à l’invitation du festival Île de France, qui se tient chaque année entre septembre et octobre. Ça tousse sur les balcons, des lycéens invités par la région se chamaillent gentiment. Puis, silence, l’artiste fait son apparition.
Parfum d’orientalisme
Souvenance, sorti en janvier 2015, c’est l’album des révolutions arabes, celles qui ont aussi touché son pays, la Tunisie. Alors, on comprend vite que le oudiste ait voulu rajouter de la force dramatique à ses compositions en convoquant derrière lui un orchestre à corde.
« L’esprit primitif » de Brahem est conservé avec la présence, sur scène, de ses musiciens : François Couturier au piano, Klaus Gesing à la clarinette basse, Björn Meyer à la basse. Mais on regrette quand même ce qui se passe (souvent) lorsqu’un musicien venu de la musique traditionnelle s’entoure d’un ensemble classique, à savoir des arrangements orchestraux parfois simplets, mielleux, conférant parfois à l’ensemble un parfum d’orientalisme.
Néanmoins, le concert reste de bonne facture. Anouar Brahem sait s’entourer d’excellents musiciens, et cela se ressent sur scène : il y a une entente qui frise l’osmose entre ces pianistes, oudistes, clarinettistes et bassistes. Si bien que le public en redemande : Anouar et « son » orchestre reviendront par 3 fois sur scène pour rejouer deux morceaux de l’album, ainsi qu’un ancien morceau, visiblement connu d’une bonne partie du public. Mais ce qui aura marqué les esprits, c’est cette pureté de la musique du oudiste tunisien, dont on sort lavé, apaisé. Une force tranquille en somme.