Ana Arabia. L’enclave perdue et poétique d’Amos Gitaï

Crédit : Océan Films

Ana Arabia d’Amos Gitaï évoque les relations entre arabes et juifs. Il soutient l’idée qu’elles peuvent exister, s’améliorer, qu’une cohabitation est possible.

Ana Arabia explore un quartier modeste de Jaffa, où vivent arabes et juifs. Un environnement découvert par Yael (Yuval Scharf), une jeune et pétillante journaliste israélienne. La jeune femme va déambuler à travers un enchevêtrement de maisons reliées entre elles par de petits chemins, des jardins, un véritable labyrinthe. Dans chaque maison, elle rencontre les habitants et y découvre leurs vies quotidiennes et leurs histoires plus touchantes les unes que les autres.

La journaliste va découvrir la figure de Hannah Klibanov, une juive mariée à un arabe, qui a caché durant de longues années à sa famille qu’elle était née à Auschwitz. C’est ce personnage qui donne son titre au film. « Je suis une Arabe ». Le personnage de Hannah donne sa part la plus touchante et intime au film, il permet de mettre en relief le conflit, les idéologies, pour regarder l’essentiel, la vie d’une personne, son vécu. Amos Gitai fait vivre et parler les lieux et les personnages d’une manière incroyablement vivante. Il donne un visage humain à ce conflit de longue date.

Quatre excellents acteurs font vivre cette histoire, d’abord Youssef Abou Warda qui campe un touchant et modeste patriarche. Mais aussi trois femmes remarquables, interprétées par la journaliste Yuval Scharf, ainsi que Sarah Adler jouant le rôle de Miriam et Assi Levy dans le rôle de Sarah.

Ana Arabia donne une impression d’étrange simplicité. Il retranscrit une harmonie bien difficile à concrétiser. Un des défis du réalisateur a été de film ce long-métrage en un unique plan-séquence. Pas d’interruptions, ni de pause. Le film s’apprécie en une gorgée. Une seule séquence de 1 heure 24 où le réalisateur place le spectateur du côté de la jeune journaliste.

Crédit : Océan Films

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Interroger la frontière

Ana Arabia se présente comme l’exact contraire de la réalité de la région. Il défend l’idée qu’une autre voie est envisageable, voire nécessaire. Cette histoire peut sembler follement optimiste pour certains, elle est pourtant loin d’être un simple conte, puisque le film est inspiré de faits réels.

Gitaï est un réalisateur amoureux des lieux, attentif aux détails et caractéristiques de chaque espace. Une part essentielle de son œuvre interroge le concept de frontière, ligne qui sépare tout autant qu’elle rapproche.

Dans ce sens, Ana Arabia ne constitue pas une nouvelle proposition sur le sujet des relations entre arabes et juifs, le cinéma israélien et palestinien foisonne de films sur le sujet. Il témoigne néanmoins de la persistance de la question. Ana Arabia est une fable dans le sens où il explore un espace existant, une histoire réelle en donnant à ce narratif une exemplarité, un référant pour l’avenir.

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