Nous rencontrons Haydar Hamdi quelques jours à peine avant son concert à la Villette. Dès le premier abord, le constat est patent : Haydar ne tient pas en place. Au fil de la conversation, nous découvrirons qu’à l’image de son personnage vif et agité, Haydar est un hyperactif de la musique.
Une fois attablé, Haydar nous relate son parcours musical vieux de huit ans. Lui qui avait commencé par faire du graphisme, décide rapidement de se réorienter vers la musique et d’en faire son métier. Sa carrière musicale commence alors au sein du groupe Barbaroots, groupe de reggae roots tunisien très engagé pendant la révolution.
Un reggae militant
A l’époque, Haydar s’est retrouvé être engagé politiquement, au point ou il en devenait très difficile de continuer à jouer. Il a alors pris la décision de déménager à Paris. Entouré de l’équipe du label Shouka, Haydar sort 404, un an plus tard, un EP avec trois titres dont il est l’auteur.
Derrière le nom Haydar Hamdi, il y a en fait Slim Abida à la basse, Nidhal Jaoua au Qanun, Taha Ennouri à la batterie et Amine Nouri aux percussions. C’est en quelque sorte le groupe de Barbaroots qui s’est recomposé et a pris un nouveau envol de l’autre côté de la méditerrannée.
La musique émanant de ces instruments conjugués diffuse un son reggae doux et abrupt à la fois, invitant paisiblement à une rébellion en devenir.
Entre anglais et arabe dialectal, cet album est pour Haydar Hamdi l’occasion d’expérimenter, mais également de s’engager, de faire entendre sa voix et son opinion, dans une Tunisie encore hésitante face à sa révolution. Dès le premier, Soldier of sound, entièrement en anglais, Haydar Hamdi nos appelle à nous libérer de nos chaînes, dans un univers où les sonorités reggae se mêlent à la magie du qanun de Nidhal Jaoua.
écrivions nous il y a quelques temps à son sujet sur ONORIENT
Fikra, un métissage musical
Si la couleur militante de la musique de Haydar ne laisse pas place au doute,son métissage, puisant son inspiration dans les gammes sahraouies du sud-ouest tunisien dont il est originaire, est également perceptible. Fikra, le nouvel album de Haydar Hamdi, sorti en 2015, consacre justement ce syncrétisme musical.
C’est une sorte de reggae avec des influences stambali, mezwed et afrobeat nigérien . C’est un métissage musical mais il n’est pas programmé. Lorsqu’on laisse faire les choses, ça donne ça
Haydar a été rejoint en 2014 par Narjess Saad avec ses percussions et ses rythmiques et Tarek Maaroufi avec son groove Reggae Roots. Ces deux univers musicaux apportent une profondeur sonore que l’on entend dans le dernier album de Haydar Hamdi et donnent aux représentations du groupe une fraîcheur féminine supplémentaire.
A chaque concert, le public est magique. L’ambiance est là et les gens prennent le micro, ils chantent et dansent.
nous confie Haydar une vive lueur dans les yeux. Ayant commencé par séduire la disaspora tunisienne et maghrébine en France, la voix rocailleuse de Haydar a maintenant un public bien plus large et la subtilité de qanun qui se fond dans les rythmes reggae, attire tous les adeptes de fusions musicales. Le jeune homme qui n’est pas rentré en Tunisie depuis trois ans trépigne cependant d’impatience à l’idée de ses concerts à venir à Tunis et au Kef.
C’est le fruit de trois ans de boulot que je vais montrer à mon pays. nous souffle Haydar.
Pour écouter Haydar Hamdi et découvrir son énergie communicative, ne ratez pas ses prochaines dates :
le 18 février à Parmentier
le 11 mars au Zorba
le 18 mars à Tunis
le 20 mars au Siccajazz au Kef