Un festival israélo-palestinien à Paris, dans un lieu branché, avec de la bonne musique, beaucoup de culture? Il n’en fallait pas plus pour éveiller la curiosité d’Onorient. Rencontre avec les deux organisatrices.
On s’était donnés rendez-vous aux abords du canal Saint-Martin. Dans un salon de thé très prisé par la communauté iranienne à Paris. Il faisait beau, le soleil se reflétait dans l’eau du canal et le thé noir servi, excellent. On en aurait presque oublié que l’on n’était pas là pour profiter du cadre mais pour une interview.
Mais de qui ? Inès et Kenza. Non, ce n’est pas le nom d’une télénovela diffusée sur la télévision nationale égyptienne, mais celui de deux ex-Science-pistes, 50 ans à elles deux, qui, à deux, ont décidé de créer le premier festival dédié à la culture israélo-palestinienne à Paris : «Pèlerinage en décalage».
Kenza Aloui est marocaine. Elle grandit à Rabat, la capitale. Elle connaît bien la «terre promise» pour y avoir passé une année à l’université de Tel-Aviv. Pas si loin de Jérusalem, où Inès Weill-Rochant, la française, a passé plusieurs années, portée par un père journaliste, correspondant pour une grande radio française.
Organisatrices de festival : job à plein-temps
« La dernière année de master, on avait enchaîné stages et boulots. On en était sorties frustrées. On parlait de monter un projet toutes les deux : sorties d’étude, on s’est lancées, on ne savait pas trop quelle forme ça allait prendre, mais on savait que ça parlerait d’Israël/Palestine. » résume Inès, après avoir commandé un thé à la menthe.
Kenza a aussi sa petite explication bien à elle : « C’est un peu comme dans le sketch de Gad Elmaleh. Quelqu’un dit chau, l’autre ffage , et ça donne chauffage. Nous, on avait festi et val ! ».
Le projet fait donc sa mue en festival, et la première édition a lieu en mai 2014 à la Bellevilloise, ancien squat parisien devenu lieu culturel. « Au début, on faisait des petits jobs à côté. Aujourd’hui, on travaille à plein-temps sur le festival » explique Kenza.
Les deux amies reconnaissent tout de même qu’il reste difficile de vivre de l’organisation d’un événement annuel. «C’est pas l’équivalent d’un salaire en CDI», continue Kenza.
Une bouffée d’air frais
Et pour programmer un week-end entier de performances artistiques en un lieu parisien on comprend qu’il y a du boulot derrière. Surtout que cette année, les disciplines artistiques représentées sont variées, avec de la sculpture, du slam, de la photographie, de la musique, ou encore du cinéma.
«On veut garder notre indépendance, tout comme les artistes que l’on invite. Cela se retrouve aussi dans la manière dont a été financé le festival, principalement avec du crowdfunding» assume Inès. L’actualité les a tout de même rattrapées : l’année dernière, la première édition a été télescopée par l’attentat du musée juif de Bruxelles, «Les gens nous ont dit : c’était tellement un week-end horrible, heureusement qu’il y avait ce festival. Ça leur a donné une bouffée d’air frais».
Une bouffée d’air frais que vous pourrez retrouver les 13 et 14 juin prochain.