TRIBUNE – Les minorités vaincront

Contre les bien-pensants, contre la majorité, ils se sont levés. On s’est moqué d’eux et on les a ridiculisé. Mais au final, l’Histoire leur a donné raison et ils ont vaincu.

Oser. Si le verbe est si communément employé, c’est parce qu’il est pourvoyeur de sens.. Partout et en tout temps, il s’est trouvé des personnes qui ont voulu oser. Ils ont bravé l’interdit, au détriment des dispositions législatives de leur pays, au détriment de toute logique morale ou raison. Ils ont osé, parce qu’au plus profond de leur être, sans réelle explication, ils ont voulu croire que le possible n’a pas besoin d’antécédents ou d’expériences passées pour aboutir. Ils ont fermement adhéré à l’idée que l’expérience d’un vivre-ensemble réussi au sein de la Cité dépendait de la volonté d’une infime minorité qui n’avait pas peur de dépasser les limites et de toujours questionner les contours de la norme.

Du prophète Mohammed à Martin Luther King, en passant par les les défenseurs des droits humains les plus avant-gardistes, tout en n’oubliant pas les progressistes de tout temps et de tout pays. Tous, au début de leur cheminement, n’étaient pas les figures iconiques qu’ils sont désormais. Ils n’avaient pas la gloire qu’ils revêtent aujourd’hui et le respect qu’ils inspirent. Tous étaient lynchés, humiliés, ridiculisés et moqués. Tous, par la force de leur passion et de leur persévérance, ont gagné. Ils ont obtenu gain de cause pour leurs revendications et ont réussi la conscientisation de la société en forgeant les majorités d’après.

Dès lors, comment ne pas faire le lien avec ce qui se passe actuellement, au Maroc, en Algérie, en Tunisie ou dans d’autres pays dont la majeure partie de la population est musulmane ? Dans ces pays, il ne se passe pas un jour, sans qu’un individu ne se lève, se déleste de son cocon familial, des lois de son pays, de l’avis de la majorité et choisisse d’oser. Ce quelqu’un n’a pas peur et accepte de s’embarquer dans un combat, qu’aucuns qualifieront de vain et perdu d’avance. Mais alors, comment pourrait-on expliquer à ces gens-là que ce qui est perdu d’avance, c’est de condamner l’avenir à la triste réalité du présent? Choisir d’oser, dans quelque domaine que ce soit, choisir de refaire les choses sous un nouvel angle, choisir de sortir des sentiers battus, c’est avant toute chose un acte patriotique. C’est penser à son pays et aimer ce qu’il pourrait en advenir, quelques années plus tard, sous le même horizon.

Refaire les choses, changement et avenir. Bien des mots qui effraient les tenants du conservatisme. Que l’on se mette d’accord : cette abjecte posture d’immobilisme n’a pas sa place au sein de notre génération et de notre ère. Le 21ème siècle est nôtre, et dans tout pays, il subsistera des lueurs de changement et d’espoir pour révolutionner la génétique de la culture, pour en dépoussiérer le contenu et bâtir les civilisations qui partiront à l’assaut de ce siècle. Que nous nous soyons réfugiés dans une position attentiste ou que nous ayons décidé d’oser, il sera du resort de cet avenir d’être juge de nos actes.

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