Grâce au parrainage de Sydney Toledano, président-directeur général de Christian Dior Couture, une petite révolution s’est opérée dans le cercle très fermé de la haute couture.
Pour son premier défilé à Paris, sur invitation de la Chambre syndicale de la haute couture, le designer jordanien Rad Hourani a présenté une collection asexuée ou unisexe, selon la perception de chacun. Une première. Dispensé de toute formation, les conventions ne l’étouffent pas. Au-delà, sa créativité n’a pas les poings liés, jetant à la trappe toutes les règles qui nous paraissent logiques, naturelles, innées. Si certains y voient du génie, d’autres ne seront pas réceptifs à cette transgression dans une société où les règles deviennent de plus en plus désuètes.
Le filtre à l’identification du beau manque, parfois, cruellement de sensibilité face à l’art de la Haute couture des podiums, comme si celle-ci était propre au milieu huppé qui l’entoure. Toutefois, l’idée novatrice revendiquée par Rad Hourani est inspirante et inspirée. D’une quête de bouleversement des codes établis dans le milieu à la concrétisation d’un état d’esprit et d’un mode de vie par le design,la totale personnification du « moi » peut, désormais, se traduire par la manière de s’habiller de tout à chacun. Non, ce jeune designer ne prône pas une confusion des genres. Les femmes ne deviennent pas des garçons manqués ; les hommes ne sont pas transformés en femmes manquées. Il reste fidèle à un état d’esprit que certains qualifieront d’alte0rnatif et, d’autres, d’ultra-progressiste, progressant dans le vide. Oui, les imprimés à fleurs, mis à part les chemises et shorts hawaiiens, n’ont pas à être catégorisés « féminins ». Plus largement, la catégorisation de chaque vêtement, chaque motif, chaque forme n’a pas lieu d’être. La liberté d’être, passée par une revendication vestimentaire, prime. Bref, l’atteinte du « Dis-moi ce que tu portes, et je te dirais qui tu es » pourrait bien devenir sophistiqué.
Telle une évidence, son approche est de nature à créer la polémique. S’il y a les jeunes et les vieux, les pauvres et les riches, les femmes et les hommes, à la fin de la journée nous sommes tous des êtres humains. Parti de ce constat, l’utilité de créer des collections limitées à des conventions devient subsidiaire. Les règles les plus élémentaires volent en éclat, même les plus essentielles, installées dans la tête d’une personne lambda : de la distinction entre la femme et l’homme à celle des saisons. L’Homme à l’état brut, voilà à quoi s’identifie le mannequin de ce designer. La religion, l’âge, le sexe, la météo, tout élément susceptible d’imposer une limite n’existent plus.
Si la nature artistique des tendances peut être légitimement remise en question, la démarche de Rad Hourani ne peut pas l’être. Que l’on adhère ou non, il véhicule une façon de vivre par une instrumentalisation de la mode.
Site officiel du designer : www.radhourani.com