Pour son second opus La révolution n’a pas eu lieu, Sonia Terrab propose une ode à l’amour passionnel et à la révolution avortée de 2011.
Quatre ans après Shamablanca, Sonia Terrab a choisi pour toile de fond de son nouveau roman La révolution n’a pas eu lieu, le printemps arabe ou plus précisément, les contestations du Mouvement du 20-Février. Elle aborde une relation conflictuelle entre deux personnages que tout sépare, Meya et Ylias.
Ylias, doctorant parisien revenu au bercail pour participer au mouvement se dit « fier d’être arabe », pour la première fois de sa vie. Le jeune homme est émerveillé par la grande mobilisation qui fait descendre les peuples dans la rue, de Rabat au Caire. Mais ce moment de grâce est de courte durée, happé par les dures lois de l’Histoire. Les résultats du référendum constitutionnel lui rappellent l’amère réalité de son pays. Un désenchantement qui donne raison à Meya car pour elle, Ylias était surtout « fier d’être d’actualité ». Elle, a bien d’autres préoccupations. Sa vie est organisée autour de parties de jambes en l’air, de cocaïne et de passes grâce auxquelles elle assure son quotidien. C’est un amour passionnel qui réunit les deux personnages que tout oppose. Si ils s’aiment, ils n’arrivent pourtant pas à s’unir. Ils s’effleurent mais maintiennent une distance. Un charivari de sentiments subtilement décrit.
Au-delà du Printemps arabe, c’est ici la révolution intérieure des individus que l’auteur observe. Si Meya mène une vie que certains présentent comme « dépravée », elle ne fait pourtant que survivre avec bien plus de force que son frère qui lui mendie de l’argent et qui reste attaché aux bottes de son père. Dans ce nouveau roman, les personnages sont bien des enfants du 21e siècle. Les playlists sont là pour le rappeler, et la plupart des réflexions d’Ylias finissent sur Twitter. Au final, ce sont ces ingrédients qui contribuent à donner au roman sa touche légèrement sombre, empreinte de mélancolie.