Dans Au pays d’Alice, Ibrahim Maalouf et Oxmo Puccino revisitent le conte fantastique de Lewis Carroll, pour le transformer en expérience musicale unique, entre rap, musique classique et jazz. Accompagnés du chœur de 32 enfants de la maîtrise de radio France, ils racontent une Alice moderne, un peu sombre, et délicieuse.
Oxmo et Ibrahim Maalouf nous emmènent dans une aventure musicale qui reprend la structure narrative du conte de Carroll, et donc le périple d’Alice, qui, tombée dans le terrier du Lapin blanc, se retrouve au pays des merveilles. Mais le conte pour enfants s’arrête là, car si tous les personnages de Carroll sont présents, ils prennent dans cet album une autre dimension.
Dans l’univers bizarre d’Oxmo Puccino, le Lapin est amoureux d’Alice, la chenille est un junkie, les thèmes sont sombres, et dépeignent une Alice perdue dans un monde fantastique, oppressant, psychédélique, étrangement similaire au notre par sa modernité.
Oxmo Puccino prouve, s’il était besoin, qu’il est un véritable virtuose des mots, et, comme de juste, les textes de l’album sont percutants, plein de sous-entendus, d’humour, de traits d’esprits d’une finesse rare.
Loin de faire de l’album un simple opéra, les deux compères semblent s’être dévoués à produire une œuvre complètement baroque, où Ibrahim Maalouf, reconverti en chef d’orchestre, navigue avec aisance entre les genres musicaux, sublimés par le chœur d’enfants qui donne à Au pays d’Alice des faux airs épiques, un peu mystiques.
Au pays d’Alice est un régal pour les oreilles, un album puissant, un conte fantastique et noir où Alice n’est qu’un prétexte à dépeindre un monde moderne impitoyable, où la verve d’Oxmo Puccino se mêle aux compositions un peu folles d’Ibrahim Maalouf, pour nous raconter, au final, nos propres vies.