Dancing in Jaffa. Valser pour se comprendre

dancing-in-jaffa-25dancing-in-jaffa-10 Dancing-in-Jaffa-pic-1Dancing in Jaffa

Dans Dancing in Jaffa, le problème du conflit israélo-palestinien est triple. Accepter que l’autre existe, qu’il existe avec son histoire, et arriver à lui faire confiance.

Pierre Dulaine, danseur de salon, revient à Jaffa, sa terre natale pour enseigner son art avec des enfants juifs et arabes. Un documentaire où l’on suit son expérience à faire danser deux peuples si proches et pourtant si éloignés. Malgré le fait de vivre dans le même pays, dans la même ville, dans le même quartier, la connaissance de l’autre est faible, la confiance encore moins garantie. Le patronyme francophone du danseur est trompeur. Né de parents palestinien et irlandais, il a fait une brillante carrière de danseur de salon et adopté Pierre Dulaine comme nom de scène.

Jaffa est un quartier historique de la ville de Tel Aviv, c’est une zone avec une population mixte, juive et arabe. Elle fait partie de ces nombreuses villes israéliennes où les deux populations vivent officiellement ensemble, mais la cohabitation est loin d’être une fusion. De par l’organisation de la société, les quartiers arabes et juifs sont souvent distincts. Il existe plusieurs systèmes scolaires distincts pour les deux communautés. Ces systèmes ne sont pas divisés sur une base ethnique ou religieuse mais linguistique, les écoles arabes enseignent en arabe (qui est la deuxième langue officielle du pays) et les écoles juives en hébreu.

Cette division linguistique n’est pas totale, il existe quelques écoles bilingues et mixtes, elles sont rares et se développent lentement. Le pays connait surtout un mouvement de plus en plus prononcé d’enfants arabes allant dans les écoles juives, l’inverse n’arrivant que très rarement (les écoles arabes ayant une image d’un enseignement de qualité moindre). Pierre Dulaine va devoir jouer avec ce système et choisir 5 écoles, 150 élèves, juifs et arabes, âgés de 8 à 14 ans, qui sont de religions et d’ethnies différentes, mais qui vont apprendre à danser ensemble.

Dancing in Jaffa se base sur ce contexte particulier pour s’inscrire dans la lignée de films engagés évoquant le conflit israélo-palestinien avec passion. Le but ici est d’apprendre de l’autre grâce à la danse. Apprendre à faire confiance, à dépasser les barrières culturelles, comme par exemple celle du toucher entre filles et garçons, entre personnes de religions différentes. Par ce moyen, essayer de créer une ouverture, de réapprendre à comprendre l’autre, ses peurs, sa culture et finalement à s’aimer.

Les initiatives dans ce domaine ne sont pas nouvelles dans la région. Chants et concours sportifs entre les deux communautés, que ce soit entre Israël et la Palestine, ou à l’intérieur d’Israël, entre citoyens arabes et juifs . Ce genre d’actions redonne de l’espoir à un public occidental souvent blasé d’un conflit qui semble sans fin.

Le projet se poursuit actuellement à Jaffa, avec trois professeurs. Il se développe aussi à Tel Aviv, à Haïfa, et en Galilée. Le ministère de l’éducation israélien soutient désormais le projet et des milliers d’élèves israéliens y ont participé.

Ce documentaire reste une jolie leçon de vie sur l’apprentissage des différences, la confiance de soi. Un docu ovni qui donne une impression de flotter, nous envoyant par vagues une note d’espoir ensoleillée venue du Moyen-Orient.

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