Omar, portrait d’une jeunesse prise en otage

Omar Hany Abu Assad 2

On regrette la superposition de plusieurs thèmes, car s’ils sont tous évoqués, ils ne sont naturellement pas tous traités en profondeur.

Omar vit dans un village aux ruelles étroites en Cisjordanie. Il franchit tous les jours le mur qui le sépare de son amoureuse et ses amis d’enfance, Tarek et Amjad. C’est avec eux qu’il décide de créer une cellule de résistance. Après avoir tué un soldat Israélien au hasard, l’enfer commence. Cavale, prison, puis libération contre la promesse d’une trahison, Omar se retrouve devant le choix de la résistance ou celui de la collaboration.

Dans la continuité de Paradise Now, nous sommes plongés dans un univers où les relations amoureuses, amicales et familiales s’entremêlent, sur fond de conflit israélo-palestinien, le tout avec une touche d’humour.

Dans Omar, on pénètre dans un univers où l’occupation, loin d’être un problème théorique et sans issue, est un problème pressant auquel il faut trouver une réponse urgente. Mais pour Omar, tout ne se limite pas à l’occupation, et son histoire d’amour avec la jolie Nadia constitue le fil conducteur du film.

Dans ce village, la jeunesse passe, la résistance presse. Les jeunes s’entassent dans cette cause qui aspire tout, l’espoir comme le désespoir. Dans la démarche des trois adolescents, il y a comme une urgence, parce que comme le dit l’ami d’Omar : « Attendre, c’est prolonger l’occupation ». Cette fiction met parfois mal à l’aise, d’abord car les trois « résistants » sont très amateurs et maladroits, et ensuite car le scénario revient toujours à l’intrigue sentimentale (je ne peux m’empêcher de me demander si l’amour est autant au centre des préoccupations de celui qui veut « venger sa nation »). Mais finalement c’est dans ce malaise qu’on comprend une chose essentielle au film : Omar, jeune romantique, est abandonné dans les bras de la « cause » bien trop jeune. Ce film matérialise la rencontre entre un cœur d’adolescent et un devoir de résistance. Contrairement à la coutume, Omar a tout à perdre. Né poète colonisé, mort résistant, Omar est un personnage attachant dont l’issue reste incertaine jusqu’à son ultime geste final. Tel un Faradhi version palestinienne, Hany Abu Assad ménage le suspens de bout en bout dans cette intrigue sentimentale sur fond de résistance clandestine. Terroriste ou terrorisé ? Résistant ou traitre ? Aimé ou trompé ? Omar est une symbiose de tous les combats. Le djihad, l’amour, l’amitié, la loyauté, la solitude : autant de sujets chers à Hany Abu-Assad que l’on retrouve dans Omar. On regrette toutefois cette superposition de thèmes, car s’ils sont tous évoqués, ils ne sont naturellement pas tous traités en profondeur.

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Ce film est un polar sentimental avant tout. Quand on commence à être déçu de la passivité d’Omar, de sa résignation, de son trop plein d’indulgence envers ceux qui l’ont trahi, on reçoit sa réponse en pleine face, en un coup de feu. Tout est dit, tout est là. Mais ce dernier geste sonne-t-il comme un cri de résistance ou comme un suicide dissimulé ? Peut-être un peu des deux.

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