Il s’appelle Mohamed, mais tout le monde l’appelle Hercule, en raison de sa force surhumaine. Ce petit paysan marocain vit avec sa famille nombreuse sur un lopin de terre près de Larache dans le nord du Maroc. Son histoire peu commune est celle qui est narrée dans le documentaire de Mohamed Ulad, Hercule contre Hermès. Une version marocaine de David et Goliath, qui défraie la chronique depuis bientôt des années dans les médias français et marocains.
Hercule mène une existence tranquille et sans histoire jusqu’à l’arrivée du richissime Patrick Guerrand-Hermès, héritier du groupe français éponyme, armé de ses énormes moyens financiers et d’un projet pour la plage et les terrains aux alentours. Son idée est simple : racheter tous les terrains aux alentours pour en faire un somptueux projet dédié à l’élevage équestre de luxe sur cette plage paradisiaque. Mais c’était sans compter sur le refus farouche et déterminé d’Hercule, qui refuse de vendre la terre où il est né, et qui se transmet en famille depuis plus de 80 ans. Les voisins, parfois sa propre famille, ont tous vendu au français, parfois de bonne volonté, parfois de guerre lasse.
Cette histoire est celle du combat mené par un héritier français aux moyens colossaux, avec la complicité des autorités et de la justice marocaine, contre un petit paysan analphabète, qui n’a pour se défendre que sa détermination et sa hargne. Une histoire capturée par le documentaire de Mohamed Ulad dans son film Hercule contre Hermès. Un film où le réalisateur prend clairement partie. Où il se range du coté de cette famille pauvre qui voit du jour au lendemain toute sa réalité s’écrouler. Une décennie de procès, d’intimidations, et de souffrances pour cette famille qui n’avait jamais, comme l’expriment les mots de la mère, jamais « vu la prison avant qu’on ne la lui montre. Jamais eu affaire à la justice, jamais vu la police autrement qu’en les imaginant. Les gens ont passé l’aïd à la maison et moi en prison ».
Des paroles à méditer, en ces temps de l’Aïd. Un film à voir, qui laisse songeur sur la relation de notre pays à ses citoyens et aux riches étrangers.
Une injustice marocaine parmi tant d’autres