Pieds nus, les mains derrière le dos et quelques cheveux pointant vers le ciel, il est né le 5 juin 1967, à 10 ans, et, depuis, refuse de grandir. Unique en son genre, ce personnage défie les lois de la nature par pure conviction. Par-delà toute idéologie ou revendication politique, Handala est un enfant devenu symbole de toutes les résistances.
Handala fut d’abord présenté comme un enfant d’origine palestinienne, issu d’un camp de réfugiés, à l’image de son créateur, Naji Al-Ali, caricaturiste et humoriste. Plus sa popularité n’a eu de cesse d’augmenter, plus ses origines ont atteint une échelle mondiale. Naji Al-Ali affirme que sa création est le reflet de la conscience humaine, au-delà des frontières. Sans prétention aucune, il représente une conscience mise à nue, sans artifice, qui légitime la réaction d’un homme confiné sous n’importe quelle forme d’injustice : la résistance. Symbole d’un Moyen-Orient en constante ébullition, dont les problématiques, vues et revues, formées et déformées, sont au cœur d’une actualité enflammée, ce dessinateur palestinien a mis au monde un personnage qui transcende les barrières du temps et de l’espace.
Revendiqué par la jeunesse, sous forme de fond d’écran sur téléphone ou ordinateur, de pendentif, porteclé, de graffitis sur les murs, ou simple photo sur les réseaux sociaux, Handala est là, partout. L’usure ne l’a pas épargné, s’affichant comme un Quasimodo du monde arabe, de par son physique peu envié ainsi qu’une tenue rapiécée. Il observe les souffrances de ces peuples assoiffés d’une liberté volée par la corruption et la tyrannie. Si la culture est un moyen d’expression universel, elle est un instrument porteur de messages. Des dessins d’exil et d’exode, du silence des régimes arabes, d’une femme enveloppée d’un drap au regard triste, Handala est témoin. Ce petit homme est également témoin de cette colombe blanche qui picore les barreaux d’une prison, ou encore debout, sur ses deux pattes, au milieu d’un environnement de destruction. Il est témoin de l’horreur et de l’espoir ; du passé et de l’avenir ; de l’Est à l’Ouest.
Handala vous l’a promis, il ne se retournera et ne montrera son visage que lorsqu’il pourra retourner à sa place, à sa terre, à sa Nation. L’Histoire nous a prouvé à maintes reprises que les situations ne sont jamais uniquement blanches ni noires, le parti pris est celui de la dénonciation. Handala est cet enfant qui regarde dans la même direction que vous, les mains croisées, derrière son dos, refusant de les mêler au rouge sang. Handala est vous et moi, spectateurs inconditionnels de ce qui nous entoure, inspiré par un sentiment de révolte. Etant présenté dans des situations dérangeantes, face à des détracteurs, recevant ses messages, dérangés, son dessinateur fut assassiné, à Londres, le 22 juillet 1987.
Finalement, Handala est l’éternel compagnon de ce stylo à plume qui verse son encre au son assourdissant de révoltes passées sous silence.