Doha – Retour sur le 3ème Festival du Patrimoine Palestinien

La majestueuse cité culturelle de Katara à Doha est un immense musée culturel où se côtoient et coexistent différentes cultures du monde. En ce mois d’avril, c’est la culture palestinienne qui est mise à l’honneur.

Katara, le village culturel de Doha, a accueilli, du 6 avril au 15 avril, le 3ème Festival du Patrimoine Palestinien, organisé par l’association d’amitié palestino-qatari et soutenu par son S.A l’Emir Tameem Bin Hamad Bin Khalifa Al Thani et son S.A Sheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani. Une opportunité pour les artisans, artistes et intellectuels palestiniens de présenter et de promouvoir le culture palestinienne qui n’est pas à l’abri d’être distordue par la colonisation.

A peine arrivé à l’entrée du festival, le visiteur se trouve emporté par la musique traditionnelle palestinienne dont les paroles sont chantées par les palestiniens et les fins connaisseurs. Là-bas, les curieux peuvent retrouver les joyaux du travail artisanal palestinien, des broderies, des produits alimentaires, des plats populaires du pays ainsi que des œuvres artistiques faits par les locaux. Tout ceci est suivi par le folklore palestinien qui accompagne les danseurs de la dabke qu’exécute un groupe de jeunes palestinien.

 

L’organisation de ce festival a pour but de montrer et de présenter les racines profondes et historiques de l’identité culturelle palestinienne qu’on retrouve à travers plusieurs siècles de l’histoire et sous différentes civilisations. Le visiteur ne peut être indifférent face à cette mosaïque de culture que le festival essaie d’appuyer, de promouvoir et de protéger. Et aux organisateurs de préciser « ce qui a été laissé par nos ancêtres est un patrimoine culturel que nous gardons et que nous enrichissons ».

« Préserver notre patrimoine»

Organiser ce festival n’a pas été une chose facile. L’organisatrice, originaire de Bethléem, se confie « Ils nous compliquent souvent nos déplacements, cela nous a pris trois jours pour quitter les territoires occupés« . Comme elle l’expliquera plus tard, organiser un événement culturel sur la Palestine à l’étranger a une chance sur dix ne pas rencontrer d’obstacles. Cet événement permet alors aux producteurs, artisans et artistes de faire valoir la production nationale palestinienne qui tente tant bien que mal de faire vivre le « made in Palestine ». Les visiteurs ont ainsi pu déguster des produits du tiroir palestinien comme la mélasse de raisins.

Le festival fait également appel aux poètes et intellectuels palestiniens dont les contributions permettent d’enrichir cet évènement. Pr. Khalil Shokeh a ainsi présenté une lecture sur l’actualité de l’artisanat traditionnel en Palestine. Ce fut une occasion de redécouvrir tout un pan du patrimoine culturel et religieux des palestiniens, qui à leur image reflète la coexistence de différentes ethnies et religions. « Bien que les gens préfèrent le divertissement aux séminaires intellectuels, ce travail est important pour préserver notre patrimoine » précise-t-il. L’histoire de cet artisanat traditionnel reprend celui de la Palestine en général : riche et façonné par les mains talentueuses des palestiniens et palestiniens, il a petit à petit subi les coups butoirs des guerres sans jamais s’affaiblir.

La colonisation a toutefois porté un coup fatal à ce patrimoine que les Palestiniens protègent vaillamment. Pourquoi ? Comme l’a martelé à maintes fois Pr. Khalil Shokeh, il s’agit de préserver son patrimoine qui symbolise l’identité plurielle de la Palestine et impose sa présence que le colon tente d’effacer. Les palestiniens et palestiniennes ont ainsi à travers leurs mains un moyen redoutable de préserver leur culture et leurs droits qu’ils continuent d’arborer avec fierté. Rasha, qui a présenté plusieurs chants folkloriques palestiniens, a porté tout au long du festival plusieurs th’obe, ces robes traditionnelles, que sa « seté » (sa grand-mère), du village de Jrash, lui a confectionnées.

Le festival se clôt chaque soirée par une dabké qu’une dizaine de jeunes palestiniens exécutent avec talent et sourire. Une occasion de rappeler l’esprit chevaleresque qui anime cette culture arabe et la volonté de ne pas se laisser abattre par l’injustice.